mercredi 30 juillet 2008

Billyburg, NYC



Le soir, j'avais RDV a Williamsburg, Brooklyn. Ce quartier est en pleine effervescence, et ce n'est pas nouveau : c'est la que sont nes pas mal de goupes, des rappeurs des 90's aux mini rockeurs d'aujourd'hui (MGMT recemment...) et que migrent les jeunes artistes .
En effet, vivre a Manhattan suppose soit de gagner un salaire a 6 chiffres soit d'etre clodo a Central Park. Pour tous les autres, il reste Williamsburg qui fretille de bars pas chers, de boutiques independantes (Brooklyn Industries, Minimarket...) ou de magasins de fringues vintage le long de cette colonne vertebrale folk et boheme qu'est Bedford Avenue.

En y reflechissant, je ne vois pas de quartiers de Paris susceptibles d'etre comparables a Williamsburg. Je penserai plus au quartier autour de Katsanien Allee a Berlin. On a l'impression ici d etre tres loin de Manhattan, du stress, de l'argent et du monde corporate. J'imagine bien que ce n'est pas completement vrai rien qu'en voyant les nouveaux High Rises qui commencent a s'elever au bord de la riviere mais j'aime bien y croire encore...

Du cafe/patisserie/salon de the dont Bret et Jemaine de Flight Of The Conchords tentent en vain de seduire les serveuses, j'adore observer la foule des hipsters et des rockeux hyper lookes qui demabulent avec une negligence etudiee sur l'avenue , pietonne ce samedi.

Des types discutent sur un banc d'eglise pose dans la rue, une chien joue dans l'eau d'une pompe a incendie ouverte, et on entend la grosse caisse d'un groupe local qui reprend des tubes pop un peu plus haut.

Sur Bedford, il y a Bedford Exotics, les deux minuscules libraries qui portent le meme nom ou on trouve les magazines de mode Francais et des oeuf Kinder perimes, le magasin deglingue de l'Armee du Salut, des restos japonais a $7 le lunch et aussi des gens qui vendent leurs fringues dans la rue, assis par terre entre des tourne disques et des vanitys Samsonite des annees 80.


Les filles sont habillees exclusivement vintage, souvent jambes nues dans des bottes en cuir craquele, et je tombe en arret devant les noeuds pap de ces deux croates a l'accent rapeux.


Plus loin, des sosies d' Agyness Deyn discutent de la programmation du Studio B, un club local ou se produisent les groupes du moment (la clique blog house, le label Modular Records et les rescapes de la vague britannique commandee il y a bien deja 3 ans par Bloc Party)

D'habitude, pour trouver les endroits jeunes et cools d'une ville, j'applique ma technique dite du Reverse Marketing : je recherche ou sont implantes les magasins Urban Outfitters, herauts de l'underground de masse (! c est pourtant ca...) souvent installes dans des anciennes usines retapees, des locaux "delabres" ....et il s'avere en general que le quartier autour est effectivement jeune et branche. Billyburg, c'est l'exception qui confirme la regle, puisqu'il n'y a pas d'Urban par ici (mais il y a un American Apparel pour sauver la face quand meme :-)). Le quartier est donc encore un peu authentique, et melange juifs, rockeurs et immigres sud americains dans un bazar sympathique, de l'autre cote de l'Hudson.




Au bord de la riviere, il y a (le Beacon's Closet, un de mes vintage stores favoris) la Brooklyn Brewery qui produit une biere artisanale au gout de fleur (comme toutes les bieres artisanales ? mais enfin c est meilleur que la BUD), des oeuvres plaquees au hasard sur des entrepots, des ancien resevoirs de flotte et des fils electriques sur lesquels pendent des dizaines de paires de baskets pourries. Il paraitrait que chacune de ces paires representent un deal de drogue passe dans le coin.





Et puis la nuit tombe, et on mange un burger au applewood smoked bacon arrose d'un vin argentin corse sur le toit de Chez Justine.....

Le lendemain, on part de plus au sud, Broolyn Heights, pour rejoindre le magasin de designers degriffes Century 21 Manhattan . Bien que (beaucoup) plus chic, le coin conserve un peu cet esprit laid-back de Bedford meme si les immeubles sont plus hauts. Sur le chemin du pont de Brooklyn, la librarie Heights Books est un arret oblige.





Ce que j'ai fait a Manhattan avant de reprendre l'avion pour ATL ?

...see you au prochain episode :-)

mardi 29 juillet 2008

The Desperately Seeking Susan NYC Tour


"In my hungry fatigue, and shopping for images, I went into the neon fruit supermarket"

Allen Ginsberg, HOWL

Cette semaine, un bazar en deux parties, d'abord la description de la galerie Oceanie Asie du Sud Est entre 1890 et 1946 du MET et puis ensuite la description de la facade du Building occupe par PriceWaterhouseCooper a Times Square.

Non bon partez pas tout de suite il y a aussi autre chose.

Ma derniere visite a NYC remonte deja a avril, il faisait humide et gris, et puis je m'etais retrouvee dans l'avion du retour avec un barda de demenagement legerement deplaisant qui comprenait entre autres un set d'assiettes Target enrubannees dans du PQ, un pied de lampe d'un bon metre 20, une poele a frire, et un lot de fourchettes fort embarrassant, le tout ficele dans un de ces sac IKEA bleus propres a attirer les soupcons d'un douanier nourri de prejuges surement infondes mais inebranlables, au sujet des "personnes transportant des sacs IKEA pour voyager". J en connais pourtant qui ont voyage avec des sacs poubelles. Je dis ca, je dis rien.

La, c'etait cool, je venais essentiellement pour ma BFF venue faire un tour de l'Est americain. Et puis c'est l'ete, et meme si le temps peut etre sacrement moite et chaud, c'est pas comme si je n etais pas habituee aux 100 F d'Atlanta. En tout cas, j'ai eu le bus de Newark super rapidement et puis il y avait bien la Bible dans le tiroir de la table de nuit a l'hotel, et meme le Livre des Mormons, un week end bien parti en somme.


Dans la rue la lumiere ressemblait a celle sur Battery Park dans Desperetely Seeeking Susan et ca m'a donne envie d'aller a East Village, l'ancien quartier rock de New York.


pic: guardian.co.uk

Ginsberg y a ecrit Howl, Madonna y a jauni les murs d'un appart a la fumee de clope, le CBGB y est ne puis mort (on dit que c'est a cause du prix du loyer mais je pense que c est foncierement une programmation metal plutot merdique sur la fin qui a povoque la chute de ce temple du punk). Le quartier est legerement surfait, mais je ne peux m'empecher d'aimer les quelques magasins de vintage encore authentiques (j'entends par la avec des prix honnetes et la dose raisonnable de snobsime desabuse du vendeur, comme chez Metropolis, 43, 3rd Av). J'aime aussi Saint Marks Pl., avec ses vendeurs de fausses RayBan et ses echoppes mythiques qui meritent un pelerinage a chaque visite.



Il y a d'abord Trash and Vaudeville, ou Yoko Ono organisait ses happenings avant que Debbie Harry ou Bowie viennent n'y acheter slims, clous et collants resilles.

Tenue par Jimmy Webb, le type sur terre qui ressemble le plus a Sarah Bettens, la boutique est surtout connue pour la marque iconique Tripp NYC, vendue aussi sur www.angryyoungandpoor.com si ca peut permettre de situer. Du punk
gothique rockabilly bondage, avec juste ce qu'il faut de coupes nickels, de tissus de qualite et d'imprimes novateurs pour se demarquer des daubes proto-punks disponibles maintenant dans n'importe quel magasin de province.

Jimmy Webb au top

pic: flickr

Apres avoir essaye un perfecto plutot sympathique, direction Love Save The Day, le magasin ou Madonna deniche cette extraordinaire veste avec une pyramide doree qui va faire courir Rosanna Arquette pendant 2 h, toujours dans Desperately Seeking Susan.


Un bric a brac qui vend depuis 1985 des fringues vintage plutot aleatoires, mais surtout des masses de jouets des annees 80, de la collection Star Wars des bonbons PEZ aux mini jeux d'arcades en passant par les figurines de Batman ou des Micro Machines en pagaille. La vendeuse devrait enter dans le Guiness des records avec ses 10 cm d'ongles neons qui frisent au bout, sans rigoler.

Un arret grilled cheese sandwich ici :


...et back to Broadway, on leve quand meme la tete sous l'Empire State Building,



.....et on arrete de faire sa francaise qui traverse les rues n'importe comment devant les hordes de taxi jaunes qui bondissent dans un brouillard de klaxons enerves.


Direction Beads World, un magasin de chaines au metre pour mon DIY project de body chain vest.



Mais comme tout voyage a New York ne saurait se limiter a l'agressive Manhattan, rendez vous demain au pays du hipster a guitare sur le dos, qui trebuche en comptant les paires de baskets accochees sur les fils electriques, a Williamsburg, BKLYN.

mardi 22 juillet 2008

At The Starlight 6 Drive-In


Vendredi soir, c'etait la sortie de Batman, The Dark Knight. Et quoi de mieux pour en profiter qu'une seance au Starlight 6 Drive-In ?

A Atlanta on a pas mal de chance, ca ne ressemble ni a NYC ni a Miami ni a SF ni a rien, c est LA CAMPAGNE. Americaine. Celles des interstates a 14 voies, des Waffle House tous les 2 miles, de la route a bandes jaunes comme dans Easy Riders, des Dinners en alu...et des Drive In cinemas.

Ces antiquites sont des elements fondateurs de la pop culture americaine, celle qui est nee apres WW2 et a erige le culte de la voiture dans les banlieues et les etats perdus, soit...presque partout. Il y a deja les banques drive-in, les pressings drive-in, il y a aussi eu les cinemas drive-in. Come celui de Grease. Le principe ? Un immense parking, en amphitheatre quand ca a ete bien pense, un snack/salle de projection, et un ecran geant. Le son est transmis par radio sur une frequence determinee jusqu'au siege du spectateur, qui est aussi le siege de sa voiture.

C est la que la magie opere , un son dolby surround pointilliste diffuse par toutes les fenetres ouvertes, la terre entiere comme salle de cinema.

Dans les annees 50 c'etait la classe , d'emmener sa date au drive-in. Quoi de mieux que les sieges d'une Chevrolet Bel Air pastel au coucher du soleil pour discretement passer sa main sous une jupe corolle ?


C'etait aussi un tuc familial, on chargeait tout le monde a l'arriere pour une seance inopinee, et les gamins dans leurs berceaux s'eduquaient devant les road movies ou les premiers slashers , et finalement la star c'etait les etoiles derriere la colline.

Mais comme les santiags, les boucles de ceinture sculptees et les vestes en jean sans manches, le drive in cinema est devenu un artifact prolo, mal fame, et de Baltimore au New Hampshire on en rigole encore. On a vite ferme les drive-in porno et dans les campagnes il est rare aujourd'hui de tomber sur les grands parkings en friche avec le signe 50's completement decolore et envahi par les herbes.

pic: kenbailyphoto.com

Certains etats se battent pour faire revivre cette ambiance particuliere, et ca marche plutot bien.

A l'entree, c'est $6 pour deux films, le ticket est sponsorise par les stations services El Cheapo (ca ne s'invente pas) et on se gare sur un parking gondole qui surplombe un ecran immacule derriere les fumees des barbecues portatifs et le plastique bleu des glacieres.

un sponsor du Drive In, sympa, El Cheapo!

Le public, des familles nombreuses avec materiel de camping en SUV, quelques gangsta en Cadillac tunees jantes 19 pouces qui ne laissent depasser qu'une forte odeur de weed de leurs vitres teintees, Brian l'etudiant braillard au coffre rempli de bieres et de balles de base ball, qui essaie de seduire Jess dans sa Honda Civic rutilante, quelques rednecks en Chevrolet Silverado, 365 chevaux et 20 L/100 km, avec bobonne en perfecto 90's, copie conforme d'une Melanie Griffith dans Another Day In Paradise.

La voiture au cinema, avec une Bucsh, la biere moins chere que l'eau



Des Rednecks et des Trucks


Pas de musique, d'effet de masse, on est comme partout aux US tout seul avec sa famille et on respecte surtout l'espace vital de chacun. On se fait taxer une clope, un ado joue au caps.

Ce qui est agreable en fait, c est que ce genre d'endroit n'est absolument pas a la mode. C'est ringard, old-style, ca sent la vieille frite et le blockbuster.
Je pense qu'un vrai revival ne saurait tarder , version chic sur le toit de l'hotel Mercer dans le Meatpacking Disctrict ou au bout des pistes cyclables a Cape Cod.
L'impression que c'etait deja juste deja comme ca en 1954, la clim en moins, est prenante. Le snack lui meme, qui vend des burgers Chick Fil' A locaux dans les petits sacs en alu et des nachos noyes dans du cheddar, n'a pas bouge d'un pouce. Les serveuses ont juste pris un peu de moustache.

Meme ici, les americains ont soucieux de leurs confort : les trucks sont gares a l'envers et a la tombee de la nuit, les gamins en pyjama sautent dans les couettes et les oreillers installes dans le coffre.


On regarde la lune monter dans le ciel, soda et burger en main, tandis que clignotent les milliers de LEDs des batteries sur les tableaux de bord. Le regard perdu sur l'ecran, pieds sur le volant, on oublie que dans 2h, cette meme batterie sera entierement vide :-)

lundi 14 juillet 2008

le Quart d'Heure Icones : Hunter S Thompson


pic: ebooknetworking.com

Tout le monde a vu Fear and Loathing in Las Vegas (Las Vegas Parano in VOFR), le film de l'ancien Monthy Python avec un Johnny Deep qui deraille et des gens avec des queues d'alligators dans une baignoire, arrose a la sauce speed . WTF ? Justement, de point il n'y en a point mais c'est juste une formidable retanscription du lifestyle de Hunter S Thompson , l'auteur du bouquin dont a ete tire le film.

Vendredi soir est sorti aux US un documentaire ," Gonzo, The Life and Work of Hunter S Thompson" , sur la vie et l'oeuvre de ce monstre sacre americain, l'inventeur entre autre du journalisme gonzo et l'un de mes auteurs preferes. Ce n'est pas le premier mais surement le plus complet portrait du bonhomme, avec des home videos et des enregistrements cassettes inedits, des morceaux de manuscrits et des photos persos qui contribuent a la qualite du reportage, a la fois strict , a la History Channel avec les titres sous les gens qui parlent, et bouillonnant, frenetique et bordelique comme le personnage lui-meme.


Illustration : Ralph Steadman via marketworks.com

Thompson , c'est un type a la fois caracteriel et romantique qui recopie sans arret des centaines de pages de The Great Gatsby de Fitzgerald pour tenter de devenir l'ecrivain qu'il reve d'etre, peaufine ses articles pour Rolling Stones avec un souci du detail extreme et est incapable de rendre un papier a l'heure . Arme de son porte cigarette dore et de ses lunettes a verres jaunes en toutes circonstances, seuls l'eclat petillant de ses yeux et le fin sourire ironique laissent presager de son humour et de son energie irrepressible.


pic: biography.com

Mais Thompson c'est aussi le mec du find fond du Colorado , avec une tete white trash de prolo neo-nazi, le genre a collectionner les armes et a tirer dans tous les sens a travers la campagne, a commander de maniere naturelle 3 gins et 6 bieres dans le wagon-restaurant d'un train et a consommer des doses surhumaines de toutes les dopes que la terre aie produites tout en restant stoique dans une conference de presse des plus mortellement ennuyeuses.

Il justifait le fait de citer la Bible dans ses articles, que ce soit pour Sports Illustrated, Rolling Stone ou dans ses couvertures de campagnes politiques, pas vraiment a cause des ses convictions religieuses, mais parce que c'est le seul bouquin qui etait disponible , et encore aujourd'hui, dans n'importe quelle chambre d'hotel americaine entre son verre de Jack et ses tonnes de cigarettes (d'autres vous diront que l'on peut faire grace a cette bible, le bottin et le fer a repasser de tres bons sandwichs au fromage grille mais ceci est une autre histoire).

Le documentaire est un tourbillon d'interviews et de scenes qui s'entrechoquent comme des glacons dans la vie de Thompson, toujours a la recherche irreverencieuse et humoristique de l'American dream, des bieres en vrac a l'arriere.

C 'etait un fabuleux boute en train, un journaliste politique realiste et farfelu qui comme Coluche, a tente de se faire elire - non comme president, mais comme Sheriff de Aspen, CO et , coiffe d'une perruque, a cree une emeute chez les conservateurs horrifies - un ecrivain obessessionnel qui denoncait le faux par le faux ( jusqu'a defendre Mac Govern, un opposant de Nixon en pretendant que Muskie, un des allies de Nixon, se droguait avec un produit brezilien inconnu) avant de shooter dans sa machine a ecrire ou un fax refractaire avec un Colt Python 357 Magnum.




Some Hell's Angels
Pic: Blog.wired.com


Ceux qui l'ont connu racontent ses actions celebres mais aussi ce qu'il ecrivait : comment, agrippe a la taille d'un Hells Angel's , micro a la main sur les routes de Californie ou bien dans la convention democrate de 1968 a Chicago, il poursuivait ce meme ideal de verite, celle , brutale et sans concession de la vie qui doit etre vecue a fond ou cesser immediatement.
Il y a Sonny Barger, ex-leader des Hell's Angels, il y a Jimmy Carter, ex-President . Il y a Pat Buchanan de Rolling Stone et Tom Wolfe , avec pochette en dentelle, le pendant aristocratique et non moins dejante de Thompson.


Pic:metroactive.com

Il a decrit avec le meme regard placide et technique l'orgie sexuelle de la rencontre des Hell's avec la femme de Neal Cassidy , lors de la party organisee par les Merry Pranksters de Ken Kesey (racontee egalement par Wolfe dans The Electric Kool Aid Acid Test) ou la victoire de Nixon . Mais interieurement , cet homme trop grand pour lui meme bouillonne d'ideaux et de defis qui vont finir par l'ecraser et le depasser, lorsque devenu celebre il ira plus loin encore dans l'exces, jusqu'a participer a des partouzes qu'il organise dans la maison ou il vit avec sa femme et son fils.

Ce qui me plait le plus dans ce type a la fois capable de la plus extreme violence et la plus grand finesse litteraire c'est qu'il est intemporel : si le monde qui l'a rendu celebre etait tres different du notre, son epoque n'est pas finalement si eloignee, quand on voit comment, pour des motifs differents mais comme dans les 60's, les USA sont embourbes dans une guerre stupide et sans fin, et les campagnes politiques sont plus organisees comme des shows de rock-stars que comme de reelles prises de position face a des problemes persistants.


Pic: wikimedia.org
Lors de ses funerailles ses cendres ont ete projetees dans les montagnes du Colorado du haut d'une tour dont ce signe a ete le modele et dont il avait fait les plans . Megalo? surement mais...


Il represente pour moi la notion de subversif, et de puissance contre-culturelle, des termes qui de nos jours ont ete vides de leur substance.

J'ai ce sentiment d'etre en face d'une personnalite rare, accablee par un talent trop lourd a porter faisant de lui un pantin egoiste, incapable malgre-lui de vivre avec les autres. Le sentiment aussi qu'il n'y a a pas de Hunter S Thompson en 2008.

J'aime la facon desabusee qu'il a eu de considerer sa carriere d'un oeil torve et alcoolise, avec la lucidite imparfaite mais rigoureuse de l'intelligence. Celle qui l'a pousse a terminer sa vie haletante et vecue a 400% d'un coup de feu, qui a fait comme le bruit d'un livre qui tombe a plat par terre.

Le Quart d'Heure Icones #3 :The Plastic Pink Flamingo

The Pink Plastic Flamingos, a l'aise

Finalement, les americaines en 2008 n'ont pas vraiment change (Dolly Parton, m'entends tu?)

Comme, il faut quand meme le dire, j'aime beaucoup tout ce qui est accoutrement vintage style Dynasty (si il existe), dans ce pays bien perche, cet autre univers impitoyable ou l'on ne se souvient plus bien a quoi ressemble la frontiere du kistch, laissee bien loin derriere soi : les robes de mermaids en satin bleu petrole de Joan Collins, les combinaisons alourdies de perles sur les epaules, les epaulettes de camionneurs et les ceintures a boucles dorees. Stevie Nicks et les Vixen reunies, a l'epoque ou l'on s'habillait encore a Las Vegas.

Stevie Nicks, specialiste es choucroutes et situations triangulaires

Les Vixen, tout en sobriete

Plus low-key, j'aime l'esthetique du routier americain, les pantalons en cuir, les vestes sans manches Harley Davidson, les photos de pin-up delavees comme l'acid wash taille haute de Thelma et Louise
Une pub Guess 2008?

J'aime les clips ridicules de Sea of Gulls ou Nina Hagen, les keytars et les boomboxes, Flashdance et tout un tas de films et series honteusement glitter dont j'observe avec avidite les voitures, les tenues et les coiffures. Et puis aussi le formica, les cendriers sur pied en fausse corne, les manteaux leopards et la laque Elnett. Dans cette optique "bad taste", je ne pouvais pas ne pas parler des Pink Flamingos.

Chez nous, ce sont les vilains nains de jardins qui ornent les petites parcelles herbues bien tenues du francais moyen. Avec un peu de chance et une vraie devotion ces nains sont entoures de petits moulins a vent recouvert de crepis beige moyen, de petites charrettes bien vernies dans lesquelles poussent des myosotis naifs et des crocus violets et veloutes comme les robes de chambre que l'on a en cadeau chez Damart, entre des petites fontaines en beton marbre effet pierre qui crachotent un jet ridicule, devant les croisillons des claustras en plastique deseperamment verts, 20 ans apres. Ce n'est ni charmant, ni attendrissant, juste violemment kitsch, "tacky" comme on dit ici.

Un matin, c'est le drame

Au Etats-Unis, c'est la classe au-dessus: en Floride ou ailleurs, non seulement on retrouve l'ensemble de ces creatures aberrantes et leur decor made in China, mais a cela s'ajoute souvent une foret de minuscules drapeaux etoiles, ainsi que quelques paires....de flamands roses en plastiques, plantes au centre d'un pneu de tracteur orne de bandes blanches, bleues et rouges.

A la fin des annees 60 deja, la working class commence a orner son frontyard de ces animaux en plastique a la couleur agressive. Et si le nain de jardin est un personnage amene et accueillant, mais plutot solitaire, le pink flamingo vit lui en grappe. Certes, cela lui donne une contenance, car chaque flamand vaque a ses occupations dans differentes positions, mais enfin il n'a rien d'un animal facetieux, et encore moins l'air bonhomme. Incongru et stupide, il reste perche sur une tige en fer, de parterres en bidets reconvertis en pots de fleurs. A ce jour, presque 20 millions de bestiaux ont envahis les pelouses des suburbs, derriere la boite aux lettres et son petit drapeau rouge.

Selon Robert Thompson, du Los Angeles Times :

"[T]here are two pillars of cheesy, campiness in the American pantheon. One is the velvet Elvis. The other is the pink flamingo."

"il y a 2 piliers du craignos, une base inebranlable au pantheon americain. L'un est Elvis. L'autre est le flamand rose".

Il etait meme possible, avant que cette "mode" ne faiblisse quelque peu au debut des annees 2000, de repeupler le jardin d'un ami en une nuit, pour son anniversaire par exemple, avec l'aide de compagnies plutot boute-en-train, specialisees dans le "flamand d'ornement".


"an exercice in poor taste"- ah?

Avec le film de John Waters, "Pink Flamingos", qui mettait en scene le flamboyant et mondialement connu transsexuel Divine, cet objet kitch est devenu notoire : posseder des pink flamingos dans son jardin, c'etait depasser consciemment (ou pas), mais toujours impunement les limites du bon gout, et par la meme se liberer plus generalement des contraintes puritaines imposees par la societe americaine.

Aujourd'hui, l'ami Amazon nous vend des paires de flamands pour $10.98.

On s'en reprend un ?

mardi 8 juillet 2008

Aruba


Le 4 Juillet c'est un peu le jour ou toute une partie des US se rejouit d'etre nee dans le #1 country in the world et de resister encore et toujours a l'envahisseur : la culture. Le genre de jour on entend que les etrangers venus d'Asie du Sud (Inde, Pakistan... ) entre autres prennent tous les jobs des Americains, que les kids americains sont les meilleurs et les plus prepares a construire un monde meilleur (heureusement que l'ecologie est hype en ce moment ) avec un Master en Photoshop associe a une Minor en WII Rock Band option Consommation Irreflechie.

C'est donc un jour comme celui-la qu'il fait bon ne pas etre americain , s'eclipser discretement et aller voir ailleurs si ils n'y sont pas !

Des vacances donc, a Aruba.


Dans les Caraibes, le choix est large en iles. Il y a les non-americaines americanisees comme le Porto-Rico (pas besoin de passeport pour aller la-bas et les vols sont cheaps), les americaines americaines surconstruites et ultra-urbanisees (Bahamas), les Francaises peperes (Guadeloupe, Martinique et Marie Galante comme dans la chanson de Laurent Voulzy), et une palanquee de cailloux colonises il y des siecles par l'Europe, type "celle-la est a moi prends donc celle-la".

Aruba est tres particuliere: minuscule (30 km de longueur), et a quelques encablures de la cote venezuelienne, elle appartient aux Pays-Bas, on y parle pratiquement exclusivement l'espagnol tout en refusant de le reconnaitre (une mauvaise foi tenace, puisqu'elle date du 18eme siecle) tandis que l'on echange des dollars contre du poisson frais sur une terrasse au port, et que le journal local , "Aruba today"est redige en Anglais US et celebre en general en premiere page les 25 ans de mariage du couple Smith qui vient tous les ans de Bloomington, Idaho.


C'est surtout un point d'attache pour les rares bateaux de croisiere, les quelques touristes neerlandais en tongs venus bruler et profiter de la taxe a 3% et puis c est tout. Ignoree des americains alors qu'elle n'est qu'a 4 h d'avion d'Atlanta, cette ile ultra-chaleureuse baigne les rochers de sa cote Est dans une mer energique qui s'agite comme des cubes de Jello Menthe dans un shaker (arrosez de vodka, jus de citron, savourez), tandis que la cote Ouest heberge quelques hotels plutot plats, des anses privees ou des mini-atolls ou tous les jours le soleil s'amuse a creer le plus parfait des degrades de bleu turquoise, et l'une des plus belles plage du monde selon Travel Magazine, qui est une reference comme une autre :-)


Je ne connais pas la plus belle plage du monde mais celle-la est juste breathtaking, le sable blanc et moelleux comme la peau de Liv Tyler, les cocotiers courbes prets a offrir leur ombre avec discretion comme le valet style d'un palace monegasque, le soleil blanc qui fait vibrer la ligne d'horizon, la bas ou il n'y aura jamais rien et c'est exactement ce que j'aime en savoir.

Il y a quelque chose qui se remet a sa place quand on atterrit dans un endroit pareil, la sensation de n'etre pas grand chose et de n'avoir rien vu, quand apparait une piste qui depasse de fonds marins ou l'eau est tellement claire que l'ombre des nuages et des ailes de l'appareil s'impriment sur le sable, la-bas, tout au fond de l'eau, a des km de la surface, tatouages precis et ephemeres d'une vie chronometree, forcee de ralentir un peu, demunie de se voir aussi ridiculement peu impressionnante face a l'immuable.



Une faune tropicale (pelicans, flamands roses, reptiles divers, poissons bleu flics..) plutot placide se partage l'eau et les forets de cactus, au bout des pistes de sable ou on pousse quand meme la petite voiture de ville , meme si ils n'avaient plus de jeeps a louer en bas, sur la cote.




Par contre le Grand Joueur a Warcraft II qui a utilise toutes les resources de la mine d'or au Nord, pour construire une Oil Refinery au Sud a carrement deconne. Non seulement il a clique 2 fois mais si l'ile est independante au niveau matieres premieres, le village de Savaneta flotte dans une brume de petrole permanente, et l'air des plages magnifiques de la pointe Sud est impregne d'une odeur de mazout.


Orangestadt, la capitale, ressemble a un Amsterdam sous acide, avec ses facades explosives et crenelees, juxtaposition de bazars sud-americains, de supermarches chinois, de restos caribbeens barioles, et de boutiques de luxe francaises (pour les touristes des croisieres?) posees la par hasard et qui brillent sous le faste decrepis des palmiers poussiereux dans leurs pots ebreches.




Le contraste est naif et surprenant pour un oeil francais habitue a compartimenter Paris en arrondissements correspondant peu ou prou a des niveaux de vie differents. Dans la meme rue, le magasin Vuitton dans lequel la vendeuse compte les grains de poussiere qu'elle va soigneusement essuyer a la nuit tombee fait face....


a la baraque a frites/glacier d'un immigre italien.


Ce que j'aime la-bas c'est la sensation de pure decontraction qui y regne, ajoutee a la langueur due au soleil dont on est le seul a se mefier ici. Comme si on avait laisse sur le continent ce niveau supplementaire des sentiments qui complique tout, la demi-mesure et la nuance, les faux semblants et la pretention bricoles dans la pollution et les sons stridents. La simplicite aussi qui impregne chaque minute passee a flaner dans les rues, chaque recoin de mur et chaque regard, franc ou meme indifferent. C'est le pied, un regard indifferent.


Tout en haut d'une petite colline, une minuscule chapelle aux fenetres a lattes de bois exhale le parfum kitsch de l'imagerie religieuse sud-americaine, saturee comme dans un film de Batz Luhrman.

L'arriere pays aride et sauvage est desert, les routes retrecissent dans des maquis silencieux avant de disparaitre completement dans la mer.

Des crabes traversent en diagonale la route sans regarder, je manque louper le virage dans la nuit mate des tropiques, celle que meme la lune a renonce a vouloir percer mais dans laquelle il fait si bon se vautrer, comme dans un grand canape de velours tiede un peu defonce.

Savoir si demain ressemblera a ca ?......


...ou pas, tiens :-)