mercredi 24 juin 2009

L'Effet Kills Cool





Parce que Magic Wand a sorti un schmilblick (qui est simplement une copie flagrante de black balloon des Kills (cf a droite dans la cassette, Black Magic le titre, ca va les gars l'inspiration), ca me fait penser qu' Alison Mosshart est quand meme une de ces filles tres speciale, completement survoltee sur scene, completement amorphe, limite stupide en Interview. Elle ou Lindsay Lohan, Andy Warhol aurait adore, les mecs d'Interview sont sur les bons rails a ce niveau-la .



A Atlanta je les ai vu dans ce shithole qui pue la PBR, au Lenny's. L endroit est tellement petit qu'en rentrant j ai bute contre un petit anglais plutot tres fringue, avec petit foulard cachemire et veste raide de crasse, sans realiser que le type en question noye dans un nuage de fumee etait Jamie Hince . Et puis j'ai entendu son accent. Il detonnait severe quand meme le mec, vieux, plus vieux que sur les photos avec Kate Moss, plus petit, moins fringuant, avec ces yeux de Droopy blase mais avec ce truc imperceptible qui evince les autres autour, l'air qui distingue les rock stars ou Johnny Depp du John Doe from Alabama.



Les Kills ca n'est rien d'autre que lui d'ailleurs. Meme si le show est porte par Alison, c'est lui le grand agitateur. Il pense, elle execute, au guichet de son fast food musical. Elle guette ses signes, attend inquiete ses doigts qui ralentissent sur le manche, elle est cette poupee de cire qui s'agite des qu'on met l'amp cord dans la prise, mais qui va s'eteindre en courant dans le bus gare en arrache dehors, alors que personne ne s'interesse tout simplement a elle, petite chose humide et un peu ridicule avec sa veste leopard elimee. Lui fait son Gainsbourg, dandy desobligeant mais race, pouilleux de la haute, et elle est la "small town girl in a lonely world" qui a quitte sa Floride pour venir rever de rock a London, ramassee dans la rue comme on ramasse Jane Birkin sur un plateau photo dans Blowup. Sauf qu'Alison, elle, a les joues bouffies de la teenager rebelle elevee aux nuggets, les cheveux sales meme quand ils sont propres, l'oeil curieux, peureux et jaloux des gens qui creent des querelles de clocher, l'air qui ne trompe personne de celle qui essaie d'en etre. Mais comme toutes les americaines, elle sait controler son image, sait tres bien comment fabriquer du cool, et a bien etudie ses classiques (le flamboyant des Stones, l'angst de Lou Reed periode Berlin, le dressing des egeries 60's, la moue de Nico et les poses de Brigitte Bardot). Curieusement, tout ce cirque ne marche pas des masses sur moi. A moins que mon sentiment de doute ne soit infonde?




Et pourtant je regarde des photos d'elle, j'essaie de la voir en concert . J'aime son energie sur scene, sa voix banale et sa facon tres baleze de remuer lentement ses cheveux en reculant sur ses talons tout pourris. Elle reste aussi une sacre representante de ce courant crado 80's aussitot mis en vente a tous les etals et lance par les models off duty, sans cervelle mais bardees de clous et de cuir vintage parce que c'est ce qu'on leur permet de recuperer a la sortie des defiles, un look qui a l'air facile tout en ne l'etant pas du tout mais qui marche tres bien en surface sur des gens plutot ternes, qu'il transforme de suite en rockeuse a voix rauque a la "j'ai vu plus d un fond de canape backstage", leur donnant tout de suite une histoire, un sentiment de profondeur culturelle et un but dans la vie. Tout ca dans une paire de boots dorees designees un lendemain de cuite par Slimane et un slim en similicuir, qu'on ne me parle pas de remettre en question le pouvoir de la mode.