mercredi 24 septembre 2008

The Hipsterdom


Une couv' pleines de hipsters

Qui est le hipster?

Un detracteur reste claque dans les 80's pourrait dire que c'est l'un des acteurs actuel d'une contreculture mutante, qui consomme le cool au lieu de le creer, recupere les references du passe pour simplement les revendre, guides par un hedonisme mercantile et la vacuite de societes desabusees et sans but.
Pour un jeune des annees 2000, ca peut etre un de leur pote super cool , "connecte" , a la fois tech savvy et dote d'un super style creatif, d'un sens de la debrouille et du business inne, qui cultive avec soin et stategie sa starification numerique.

Le hipster, c'est toi, c'est moi, c'est lui la-bas qui sort de chez Opening Ceremony avec ses lunettes de pedophile....ah merde c'etait Steve Aoki

Acid Wash et coupe 80's, ca recycle severe, une photo du photographe gonzo d'un nouveau genre le plus celebre : the Cobrasnake

Mais alors, si le nouveau cool, c'est le hipster, pourquoi deteste-t'il tant qu'on l'affuble de ce titre? Le punk, comme il en existe encore quelques un, annonce la couleur de loin avec son look sans compromis, tout comme le B-Boy. Bizarrement, le hipster lui , n'annonce aucune couleur avec son look recup et deteste declarer haut et fort, moule dans son slim, et Wayfarer bicolores sur le nez, qu'il est un hipster.

Madonna dans un chateau de crystal ?
pic: The Cobrasnake


Car finalement ca serait avouer appartenir a un meme grand groupe de consommateurs, qui se nourrit de la meme maniere et au meme moment de modes ultra-ephemeres, de fast-musique, mega fast-video et giga fast-fashion. Ca detruirait dans l'oeuf ce fallacieux fameux concept d'individualite, ces styles "uniques" et edgy qu'on loue tant sur les blogs de street style, ou finalement, et comme je l'avais deja souligne plus tot, tout le monde finit ineluctablement par rentrer bien sagement dans un moule, quel qu'il soit - celui impose par des bloggeurs "stars", ou par les heads designers de H&M, ou par tel groupe d'electro-disco revival a la duree de vie d'un insecte. Donc finalement les hipsters c'est une communaute -transtlantique, avec une enclave en Australie aussi- avec tout ce que ca implique de codes, de regles, implicites ou tangibles. Une communaute mouvante et corpusculaire dans laquelle on peut discerner des groupes qui cultivent un "individualisme partage".

De ce cote-ci de l'Atlantique, je pense a :


Urban Outfittered lazzzy girl
pic: UO.com

La Classic Hispter: elle a quelques tatoos tous tres fins (donc du pipo, il faut au moins en avoir un pourri sinon c'est pas credible), porte les slim acid wash AA, des t-shirts rocks de chez Urban Outfitters parce qu'elle a decouvert The Smith la semaine derniere sur Hypem, des chemises grunge et de la Converse. Elle est barman/aspirante DJ ou comedienne, boit de la PBR a $1 la canette et fume des Parliament (parce que le filtre de ces clopes de prolo americain est trop court et laisse de la place pour un petit rail discret). Son icone est Chloe Sevigny et elle n'aime pas trop se laver les cheveux.

De Castebajac habille Yelle
pic:enregistrersous.com

Le Fluokid: C'est un peu le petit soldat du fluo, qui mene en ce moment l'electro-war France (ED Bangers, Institubes, et le recent Fool House)/Australie (Modular). Sur son blog, il se prend pour un ecrivain en cuir et high tops fluos. Il aime LA, la culture surf, les filles a petits seins, Cassette Playa, Ksubi , Preen et Jeremy Scott, boit de la Vodka/Red Bull et achete des Headphones WESC. Pour en savoir plus c'est ici.

du Barbu maquille
pic:pastemagazine.com

Le Organic Hipster : Roule ses cigarettes a la main, pense que Whole Foods est un marche pour capitalistes en manque de bonne conscience, commande ses Goja berries mexicaines sur internet et boit de la biere au gout de fleurs avec plein de depot dedans. Il est barista chez Starfucks, porte des jeans en velours, des vestes en mouton et du khol (mecs seulement). Ne regarde pas la tele et le crie sur les toits. Son idole est Devendra Banhardt et tous les barbus a gratte patinee meme moins mignons.

un Hopster , ca va je sais que vous savez
pic: The Cobrasnake

Le Hopster: c est la gangsta en veste en cuir creoles et High-Top couleur legos. Vis sur son blog ou sur hypem. Porte du satin Betsey Johnson, du moulant Guess, des boucles d'oreilles poignees de porte, des ongles acryliques pierces et un sac cloute.Vendeuse, elle reve de faire comme Pharrell ou de lancer une ligne de soutifs, ecoute MIA, Spank Rock mais pas trop Santogold car c'est trop New Wave pour elle. Boit du cognac dans des clubs en cuir blanc et economise severe pour pouvoir s'acheter du Dereon (la ligne *sobre et classe * de Beyonce) ou une nouvelle paire de seins.

Le MexiSter : C'est la Hopster version Amerique du Sud. Elle est plus coton dechire, Wassup Rockers, reggaeton, nombril a l'air et bronzage parfait, tres Copacabana meets Leeds. Elle melange parfaitement influences rock, apoum bapoum et vulgarite californienne.Elle travaille pour Dov Charney qui aime bien la prendre en photo torse nu dans les couloirs de sa warehouse. Elle est souvent mal coiffee ou violee dans Vice Magazine.

Cory K et MK Olsen
pic via Blogspot

La 5th Av Hipster : Elle mixe AA et vintage YSL, Armani et Grey Ant. Elle est styliste/DJ au Beatrice Inn, paye son loyer en Amex Gold et est deja allee en rehab. Elle rend visite a des potes en prison en tunique ethnique, la Rolex de papa au poignet, entre une pacotille H&M et un bracelet en pierres semi-precieuse de sa cousine creatrice de bijoux.Elle finit les soirees devastee a boire de la Grey Goose a la bouteille, son 2.55 de Chanel en travers du corps, couchee sur Cory Kennedy. Elle a deja croise Kate M a l'ile Moustique et passe l'hiver en Inde (chez la cousine creatrice de bijoux).Se moque d'Anna Wintour avec MK Olsen aux Fashions weeks mais ne leve pas son nez de son blackberry pendant les defiles, meme si c'est Alexander Wang. Chez elle, c'est super grand, super cher, y'a des briques et des Fender Vintage devant des amplis Orange, elle a des sacs de fringues a recuperer chez Opening Ceremony a LA vu que son assistante a oublie de faire suivre dans le jet. Chez elle, le diable s'habille en Prada.

Valentine Fillol Cordier, l'icone pretty tomboy / saucy secretary
pic: TFS

La Wannabe Arty Hipster : Elle reve de mener la vie de la 5th Av hipster, mais n'en a pas les moyens ni les contacts. Elle est assistante styliste/DJ et a du mal a payer son loyer.Ses idoles sont Colette (de la Rue Saint Honore, pas l'ecrivain, hein), Alexa Chung, les soeurs Geldof, Valentine Fillol-Cordier et VV de The Kills.Elle est tres forte en incruste au Beatrice Inn car elle connait de loin le cousin de Lissy Trullie la copine de Charles Anastase dont c'est l'after show ce soir.Chez elle c'est petit et y'a rien dans les placards car elle vient de s'acheter cette paire de boots Chanel, donc elle mangera pas avant l'annee prochaine.Si elle est francaise, elle pige pour Dirrty Glam, tombe souvent sur Sart ou Face Hunter le dimanche dans le marais, sort a la Bellevilloise mais Tecknikart prevoit la descente au PMU du coin car la hype la rattrape partout ailleurs. Elle traine un peu au Flore avec son manuscrit sexy trash, on sait jamais desfois que Beigbeder.....et puis ca lui fait penser a Lolita Pille , ca serait quand meme vachement bien de piger pour Jalouse. Elle venere NYC mais chez elle, le diable s'habille en Zara.

..si vous en connaissez d'autres, des types de hispters, n'hesitez pas :-)

lundi 15 septembre 2008

Le Quart d'Heure Icones #3 :The Plastic Pink Flamingo


The Pink Plastic Flamingos, a l'aise

Finalement, les americaines en 2008 n'ont pas vraiment change (Dolly Parton/Cindy Mc Cain, m'entends tu?)

Comme, il faut quand meme le dire, j'aime beaucoup tout ce qui est accoutrement vintage style Dynasty (si il existe), dans ce pays bien perche, cet autre univers impitoyable ou l'on ne se souvient plus bien a quoi ressemble la frontiere du kistch, laissee bien loin derriere soi : les robes de mermaids en satin bleu petrole de Joan Collins, les combinaisons alourdies de perles sur les epaules, les epaulettes de camionneurs et les ceintures a boucles dorees. Stevie Nicks et les Vixen reunies, a l'epoque ou l'on s'habillait encore a Las Vegas.

Stevie Nicks, specialiste es choucroutes et situations triangulaires

Les Vixen, tout en sobriete

Plus low-key, j'aime l'esthetique du routier americain, les pantalons en cuir, les vestes sans manches Harley Davidson, les photos de pin-up delavees comme l'acid wash taille haute de Thelma et Louise
Une pub Guess 2008?

J'aime les clips ridicules de Flock of Seagulls ou Nina Hagen, les keytars et les boomboxes, Flashdance et tout un tas de films et series honteusement glitter dont j'observe avec avidite les voitures, les tenues et les coiffures. Et puis aussi le formica, les cendriers sur pied en fausse corne, les manteaux leopards et la laque Elnett. Dans cette optique "bad taste", je ne pouvais pas ne pas parler des Pink Flamingos.

Chez nous, ce sont les vilains nains de jardins qui ornent les petites parcelles herbues bien tenues du francais moyen. Avec un peu de chance et une vraie devotion ces nains sont entoures de petits moulins a vent recouvert de crepis beige moyen, de petites charrettes bien vernies dans lesquelles poussent des myosotis naifs et des crocus violets et veloutes comme les robes de chambre que l'on a en cadeau chez Damart, entre des petites fontaines en beton marbre effet pierre qui crachotent un jet ridicule, devant les croisillons des claustras en plastique deseperamment verts, 20 ans apres. Ce n'est ni charmant, ni attendrissant, juste violemment kitsch, "tacky" comme on dit ici.

Un matin, c'est le drame

Au Etats-Unis, c'est la classe au-dessus: en Floride ou ailleurs, non seulement on retrouve l'ensemble de ces creatures aberrantes et leur decor made in China, mais a cela s'ajoute souvent une foret de minuscules drapeaux etoiles, ainsi que quelques paires....de flamands roses en plastiques, plantes au centre d'un pneu de tracteur orne de bandes blanches, bleues et rouges.

A la fin des annees 60 deja, la working class commence a orner son frontyard de ces animaux en plastique a la couleur agressive. Et si le nain de jardin est un personnage amene et accueillant, mais plutot solitaire, le pink flamingo vit lui en grappe. Certes, cela lui donne une contenance, car chaque flamand vaque a ses occupations dans differentes positions, mais enfin il n'a rien d'un animal facetieux, et encore moins l'air bonhomme. Incongru et stupide, il reste perche sur une tige en fer, de parterres en bidets reconvertis en pots de fleurs. A ce jour, presque 20 millions de bestiaux ont envahis les pelouses des suburbs, derriere la boite aux lettres et son petit drapeau rouge.

Selon Robert Thompson, du Los Angeles Times :

"[T]here are two pillars of cheesy, campiness in the American pantheon. One is the velvet Elvis. The other is the pink flamingo."

"il y a 2 piliers du craignos, une base inebranlable au pantheon americain. L'un est Elvis. L'autre est le flamand rose".

Il etait meme possible, avant que cette "mode" ne faiblisse quelque peu au debut des annees 2000, de repeupler le jardin d'un ami en une nuit, pour son anniversaire par exemple, avec l'aide de compagnies plutot boute-en-train, specialisees dans le "flamand d'ornement".


"an exercice in poor taste"- ah?

Avec le film de John Waters, "Pink Flamingos", qui mettait en scene le flamboyant et mondialement connu transsexuel Divine, cet objet kitch est devenu notoire : posseder des pink flamingos dans son jardin, c'etait depasser consciemment (ou pas), mais toujours impunement les limites du bon gout, et par la meme se liberer plus generalement des contraintes puritaines imposees par la societe americaine.

Aujourd'hui, l'ami Amazon nous vend des paires de flamands pour $10.98.

On s'en reprend un ?


pics credits: amoeba.com,flamingosgonewild.com,filmreference.com,villagephotos.com,top2bottom.net,fashion-era.com,flamingomango.com

vendredi 5 septembre 2008

Febrile

Defile Alexander Wang - S/S 09
pic: the cobrasnake

Le e-store YOOX.com fait tres fort. A l'occasion de l'ouverture de la fashion week new-yorkaise, le 4 septembre, le site lance un concept qui risque de rendre la modeuse febrile : desormais, on peut VOIR les defiles sur le site moins de 24 h apres le live, et ACHETER directement les articles en cliquant sur les vetements en mouvement sur le mannequin en train de descendre le podium.

C est comment dire, revolutionnaire? On atteint ici la realisation concrete des fantasmes de toute modeuse lambda: assister a un defile (ca c'etait deja "faisable" grace a Youtube et les sites comme style.com), choisir ses pieces preferes sur le podium , sur un battement de coeur qui deraille, ET les acheter.
Ca c'etait deja nettement moins facile, car dans une collection classique, certaines pieces qui defilent font l'objet d'un tres faible tirage, ou meme restent parfois des prototypes. Et puis c'est seulement l'ultra-luxe qui defile. Ces marques mythiques, ces pieces que oui tu choisis toujours mentalement, que tu observeras plusieurs fois, ces epaules superbement taillees, ce satin rigide qui s'en va mourir entre les seins d'une nymphe aux cuisses fermes, mais que finalement seule Ashley Olsen et quelques pourcentages de happy fews detachees des contingences materielles de cette terre pourront se permettre d'acquerir, sans avoir , dans un sursaut de conscience, la desagrable sensation de mettre le PIB du Burkina Faso ou tout simplement un PEL entier dans la derniere veste en cuire cloutee de Givenchy.


Anna Wintour a le job le plus chiant du monde
pic: the cobrasnake

C'est donc mettre a la portee de toutes la sensation d'en etre, d'etre cette femme privilegiee qui a a la fois son carton d'invitation et sa place -au premier rang, a cote de Roitfeld et Wintour- et le droit de faire des moues dubitatives et blasees, puisque c'est une assistante febrilement armee d'un carnet de notes qui commencera a appeler les marques a la fin du defile pour reserver les pieces qui lui auront tape dans l'oeil.

D'etre ce cameraman qui a chaud, confine dans son coin tout noir avec les autres, qui suit les ondulations du tissu sur les jambes et zoome plus vite que son voisin sur la piece maitresse du look.
D'etre cette invitee lambda, qui respire dans le crepitement des flashs le parfum de lys blanc des vetements neufs, etourdie par la musique.

Les Goodies chez Alexander Wang - S/S 09
pic: the cobrasnake

D'etre l'incruste, la bas, debout, au fond, coincee entre le dernier rang et la porte, qui oublie comment elle a du user de stratagemes scandaleux pour rentrer ici et en transpire encore, la respiration coupee quand le designer surgit de derriere le panneau blanc.


Evidemment, pour l'instant, l'experience s'etend uniquement aux defiles mineurs, les Fresh Faces, un programme cree pour lancer de jeunes createurs. Associe a l'agence GEN ART qui a deja permis le lancement de Zac Posen et Philip Lim (ahh la ligne 3.1...), Yoox propose pour l'instant en video le defile de JF&SON.


les filles avancent, le regard glisse sur les proportions, les longueurs, les volumes. Ici pas de mannequin star, la fille s'efface devant le collier a boules rouges qui se balance devant elle, ah, on remarque la tenue de cette petite robe noire avec ce carre d''organza autour du nombril. On clique, la fille s'immobilise, au pied leve. on reclique, elle repart. Man, on est AUSSI le grand ordonnateur du show ! Les lumieres, la musique, l'ordre des filles, tout ca c'est nous aussi !!! Le plaisir egoiste, imperial, sans compromis. On reclique sur cette robe qui a bien failli disparaitre pendant l'extase.
Une icone apparait sur la robe avec les tailles, la couleur, le prix. En un clic, elle est dans un panier, la semaine prochaine chez moi (ou pas mais ca c est un autre probleme :-)).


pour l'experience, c'est ICI

mercredi 3 septembre 2008

Fashion's Death ?

Fashion's Death ?
Vogue FR september 2008 - source : TFS


Blam. Le Vogue US special mode de septembre, 700 pages, de tendances decryptees mal ou pas du tout, du grunge version 2008 au neo-romantisme ingenu, en passant par un avant-garde minimaliste furieusement sexuel et le tailoring chic des bourgeoises sophistiquees. Le Elle, idem, 680 pages de bazar et Jessica Simpson en couv'. Le truc en trop .

C'est L 'Overdose.

Et pourtant, je fais partie de ces fashion junkies insatiables, capables de scanner sites web,magazines et video vite fait mais en en mode Haute Definition , a l'affut de ce grand choc du detail. Toujours le meme mais jamais plus egal au premier, ce fix de nouveaute initial et decisif, ce flash de plaisir et d'emotion devant une allure, une photo parfaite.

Mais la, I AM COMPLETELY LOST.

Il y a encore 10 ou 20 ans, la mode c'etait clair : une silhouette typique, un pantalon taille haute vert ou gris, a pinces en 1987, avec une veste bien longue plutot en pied de poule, un talon carre, et en accessoire, une longue echarpe. Point.

Carine Roitfled n'est jamais bien loin

Vogue FR september 2008 - source : TFS


Aujourd'hui , les diktats sont bien moins definis. Elle recommande le slim en cuir, le legging en latex, le jean large 70, des blouses a fleurs, des robes longues en tissu ecossais, des bonnets enfonces en laine, des collants imprimes, des blazers a boutons dores, de la dentelle et des clous. Et pour aller avec tout ca, la modeuse se doit de posseder un certains nombre de paires de chaussures, de la ballerine argentee aux low-boots ouverts , sans oublier les bottes indiennes de Kate M, des stilletos cloutes, la botte cuissarde en daim ou le sneaker en edition limite.

Finalement en 2008, la seule tendance qui emerge c'est qu'il n'y a plus de tendance.

La mode au sens 2 saisons muries et attendues de pied ferme, un style defini et unique a chaque designer, que les femmes suivaient a la lettre (on achetait TOUT chez Calvin Klein ou TOUT chez Versace, il etait impensable de mixer les 2 - hum tant mieux peut-etre d'ailleurs) et soigneusement disseque par les redactrices de mode, tout ca c'est ultra mega has-been. Meme les createurs mixent a fond, ca explose de partout, c'est le delire . Mais le hangover est encore loin.

Et c est surement mieux comme ca ? Alors, comme on laisse aux tetes redactrices de Vogue le soin de froidement triturer les collections, comme on laisse a ces croutons de vieux journalistes musicaux le soin de definir le genre d'un groupe qui vient de sortir , et de se perdre dans les meandres snobs d'un debat sterile .....

-"alors Philippe, Caravane Palace, c'est du jazz punchy, electronique?"
-" non a mon avis c est de la techno musette"

.... on laisserait a tout le monde le choix du libre arbitre, celui de pouvoir se creer un look unique grace a l'eventail de plus en plus fourni des tendances?

Pas si sur. En ces temps de recession economique, les marques creent surtout des micros tendances capsules, sans cesse renouvellees, pour inciter a l'achat. Et si ta marque ne peut pas suivre le rythme, tu degages. Si le style victorien ne plait pas, qu'a cela ne tienne, on ne prend plus le risque de voir les racks crouler sous les invendus en periode de soldes, on passe direct a un courant western. Ou boheme-folk puisque Kate Moss l'a decide hier :-)

Les grandes marques aussi cessent d'etre un style, pour devenir une marque, une entite marketing, une "signature"particuliere qui transcende la mode. Marc Jacobs, par exemple, est un formidable artificier, capable de gerer des lignes multiples et plutot differentes tant dans l'esprit que dans la cible (Vuitton, Vuitton Maroquinerie, Marc Jacobs, Marc By Marc....) tout en conservant ce fil directeur, cette irreverence associee a cette maitrise si calculees qui lui permettent de vendre en meme temps des sacs a $10 000 pour Vuitton sur les Champs Elysees, ou des bagues en metal a $1 au magasin Marc By Marc de Savannah, GA.

Completement libre et liberee des diktats "punk" de 1977, ou "preppy" des 90's chics, la modeuse voit donc s'ouvrir devant elle la porte grande ouverte de la self-expression. Armee de sa blogroll de sites fashion humoristiques ou trop narcissiques, personnels ou deliberement abstraits, mais toujours pointus, pleins de dessins, de photos, de looks cuisines maison, de nobody ou de stars de la blogo, elle se cree des mash-ups stylistiques , des bootlegs entre le bling Hip-Hop, le Punk abrasif et le Preppy de la cote Est.
Si elle a de l'argent, comme la gamine de Sea Of Shoes, elle va mixer les bottes pieds nus de Margiela, avec un short frange d'Alexander Wang et un top Urban Outfitters. Si elle en a moins, elle va acheter les knock-offs des dernieres Chloe a talon pyramidal chez Forever21, se chercher un cuir vintage et porter ce top loose H&M qui copie si bien le jersey liquide des t-shirts de James Perse.
Finalement, absolument tout le monde melange ses influences (en toute connaissance de cause ou juste en copiant sans reflechir un post du Sartorialist), et cela n'a plus rien d'exceptionnel.

C'est avoir un style exceptionnel qui devient exceptionnel : de maniere contradictoire, avoir autant de choix, d'acces a la mode, grace au renouveau vintage, grace a la fast fashion de H&M, Zara et des autres menacants mais toujours merveilleux copieurs high-streets n'a jamais autant mene a autant d'uniformite dans la rue.

De maniere plutot etrange en effet, la modeuse finit TOUJOURS habillee comme sa prochaine (mais elles restent le moins proche possible, hein), la, dans cette rame de ligne 14, et elle baisse les yeux sur son jean Superfine (la fille d'en face a le meme en noir, l'uberlooze) et sa besace Dreyfuss (merde, c est la meme aussi !!!). Ou comment retrouver sur tout le monde, en meme temps et des deux cotes de l'Atlantique, ces gladiators Nine West ou cette jupe crayon ultra-moulante de chez American Apparel.

The Clothing Warehouse, dans le quartier alternativo-branche d'Atlanta "Little 5 Points"
pic via Flickr

Encore plus curieux, l'engouement massif et soudain pour le vetement vintage. Mais pas pour tous les vetements vintage. Comment se fait-il que TOUTES ces bottes identiques, plates et molles, en marron ou noir aient traverse les ages en parallele pour se retrouver en meme temps aux pieds de toutes les filles dans le Marais ? Pourtant, la caracteristique premiere d'un vetement vintage,c'est son unicite, son parcours secret et tortueux. C'est ce qui fait que le vintage a toujours eu ses aficionados, de luxe ou pas de luxe, ces gens toujours un peu edgy et en marge des tendances qui cherchent la reflexion de leur vie interieure dans des looks qui cherchent la difficulte stylistique . Ces gens qui abordent un rack de blouses mexicaines avec l'assurance teintee d'excitation d'un barreur de haut niveau, pret a eviter avec virtuosite les ecueils du trop cher/trop decale/faux cotton/broderies nulles/ trop pourri/faux vintage.

Je ne pense pas avoir de vraie explication a ce phenomene, excepte que meme en l'absence de reperes de style (meme les magazines feminins ont perdu leur radicalite, leur ton legerement peremptoire, puisque TOUT, absolument tout est acceptable, de la combinaison panthere au body fluo, et se voit parfois l'honneur d'etre au top d'une vaguelette de hype, le temps d'un tirage de Elle), la modeuse s'accroche quand meme a des references.

Ces references ont change, les mags papier vivent une sale periode, et c'est toute la blogosphere, ce monde accelere et acere, affaire a faire et a defaire les listes de Must-Haves qui devient la reference dynamique. La blogosphere, c'est un monde accessible puisqu'il montre la rue et ses styles pas top chers, ces filles imparfaites donc tellement humaines, et pas des mannequins de 17 ans d'1 m 80 portant des Smic au bout d'un bras galbe qu'on ne trouve nulle part ailleurs que dans le monde magique de Photoshop.
Comme dans tous les milieux, le microcosme de la blogosphere mode n'a pas echappe a sa hierarchisation progressive, de la star erigee en prohete du style a la simple gobeuse de tendances: si Rumi de Fashiontoast decide d'acheter une paire de Colin Stuart chez Victoria's Secret, une armee de filles se rue sur le site qui se retrouve vite en rupture de stock. Les marques l'ont bien compris et commencent a approcher les bloggeuses les plus "influentes" en leur proposant,des cartons de fringues envoyees gratis (American Apparel et RVCA pour Rumi) qui seront donc bien sur tacitement mises en scene sur le blog.

Et ca devient tres tres dur de rester objective par raport a ses propres gouts, son propre style. Sur Chictopia, un site de streetstyle completement addictif, ses propres references mises a nu deviennent un peu celles de tout le monde car on partage ses magasins coups de coeur,ses bonnes affaires createurs et ses petits secrets de style, qui se voient exploites et revus a l'infini, a la vitesse des livraisons H&M.
Mais c'est aussi ce challenge qui me pousse a toujours affiner, preciser, decouvrir, trier, adorer, detester la mode.

"there is no such thing as unconscious dressing"

Vogue FR september 2008 - source : TFS


N'oublions pas, avec Diana Vreeland, que :

"There is no such thing as unconscious dressing."

Mes blogs Preferes:

Cafe Mode - scolaire, pointu, culturel
Garance Dore - le top, fin, point, creatif, independant, cool
Childhood Flames - narcissique, minimaliste
FashionToast - ultra narcissique, californien, body-conscious
Sart - the reference, une preference pour ses photos de mecs
Face Hunter - edgy, nightlife embracing
Stilinberlin - berlin quoi
Oslostil - prattu, neat, small, quiet and has that northern sharpness
StreetFancy SF - SF !!
Style Bubble - The english diva
Sea Of Shoes - c est beverly hills la bas
Karla's Closet - sensuous curvy californian babe
What To Wear Daily - neet magazine
Fashionista - humour, edge
Chictopia (lulu)- asian rock chick
Photos from Piksi - perfect vintage babydoll