mardi 29 avril 2008

Liberty Flower Man

Ce week end c'etait Le festival de Hyeres, une competition de jeunes createurs qui reunit la fine fleur des jeunes espoirs actuels , tout un tas de journalistes et des parisiens lookes en goguette.
Comme prevu, tout le monde a sa Casio doree au bras, ses spartiates aux pieds, on y voit encore des franges a la Birkin dans Blow-Up, des vestes en cuir cintrees sur de la robe a fleurs, des robes longues hippies mais surtout du noir puisque c'est la tendance de l'Autome Hiver 08/09.

Et puis il y avait aussi ce mec



Photo : Geraldine de Cafe Mode


On connait la grande majorite des tendances de cet ete, les magazines nous bassinent avec ca a coup de centaines de pages lechees.
Mais lui, une tenue, un coup franc, tout y est , l'imprime liberty a tres petites fleurs colorees, le cote ethnique/hippie avec la ceinture en matiere indeterminee,les pattes et la vague du dandy et surtout, le sarouel....qui s'avere etre une chemise a fleurs.

J'adore

mardi 22 avril 2008

The Pacific Princess never died



A force de voir des pubs tout droit sorties des 80's a la tele et dans les street magazines, j'ai fini par me poser la question fatale, une croisiere, WHAT THE FUCK??

l'Americain qui part en croisiere cheap est le genre de personne a porter des chemises blanches sans manches et une visiere en plastique verte dans un all-inclusive Disney Resort.

Le genre de bouffis qui se tournent l'un vers l'autre dans leur lit multipositions a lattes electriques Craftmatic en lancant , "hey baby, let's go to Vegas, no, wait, better...Acapulco!".
Ils passent leur dimanche apres-midi a lire People en buvant des Sex On the Beach trop sucres avec des pailles coudees a rayures.

Et sur un bateau c'est pareil.

La pratique semble etre quand meme tout a fait neo-coloniale, dans le "tout-inclus" ils emmenent leur monde avec eux, enfin plutot le monde tel qu'ils voudraient qu'il soit, une succession sans fin de chambres avec ESPN par satellite (pas moyen de louper le sport ) et porte capitonnee en satin creme, de casino bruyants et de bars ou le Coca est coupe a l'eau, sous les regards las d'un pianiste de jazz libidineux.

Il y a bien sur les piscines et les salles de sport et meme le salon de coiffure, histoire de ne pas etre trop depayse en changeant de pont. Tandis que des types en costume Ralph Lauren jouent naturellement au golf sur le pont superieur, comme ils le feraient dans la banlieue de Baltimore, Maryland, leur bonnes femmes cherchent des yeux la voisine du 240 D qui a fait tellement de bruit au lit avec son mari la veille au soir que tout le monde ne parlait que de ca ce matin en chuchotant de maniere evidente dans la grande salle de petit-dejeuner.
Bah oui, ca fait une semaine qu'il fait le meme soleil de plomb, donc le sujet du temps a ete deja epuise....

De temps en temps, ils croisent leurs voisins de cabine dans les couloirs, mais au moins, avec ceux-la, ils n'ont pas de probleme de massif de pante grimpante qui empiete sur la cloture blanche d'a cote.

De temps en temps aussi, on vous laisse debarquer, quand meme, le temps d'aller en haut de la plage et de redescendre, car "back to the boat at 5PM". Et puis de toute facon Dieu interdit le moindre contact visuel avec des locaux, ils pourraient vous voler votre banane en cuir, vouloir tresser vos cheveux avec des perles ou vous refourguer des verres a shots ou des cuilleres commemoratives en cuivre, que vous allez de toute facon acheter le dernier jour a la boutique sur le bateau.

La seule raison pour laquelle on pourrait avoir l'idee de partir sur une croisiere americaine serait deja d'adorer se changer en permanence, car il faut bien se creer quelques reperes temporels qui auraient tendance a disparaitre dans un decor aussi factice.
Cela est d'ailleurs la raison d'etre principale des Collections Croisiere des grandes marques de luxe, une troisieme saison un peu bancale et toujours excessivement hors de prix constituee de short cargo, vestes de coton sport, chemises blanches et longues robes de coktail pour le soir. Plus conservateur, tu meurs.

Ah tiens, une autre raison aussi : bien aimer les buffets. Sur ces bateaux il y a toujours une abondance de bouffe permanente sur des nappes en satin peche, qui croulent sous les cornes d'abondance en polystyrene et les coquilles Saint Jacques geantes. Le genre a contenir les patates en salade de la veille dans de nouvelles combinaisons visuellement ingenieuses qui visent a tromper le chaland.

Cela dit, je suis une incorruptible fan de The Love Boat (La Croisiere s'amuse), depuis longtemps disparue de nos ecrans , pour l'ambiance surannee un rien raciste (Isaac le barman prend quand meme cher au niveau cliche colonial), les uniformes de l'equipage, les robes de soirees tres glitter et les brushing a la Farah Fawcett (Madonna n'a rien invente) des femmes, les chemises cols pelle a tarte en lycra moulant sur des pantalons a pinces pattes d'elephants des hommes, les intrigues a la con, les mariages rates-mais-en-fait-non et les escales a Acapulco.

Ah, le Pacific Princess.....

Et dire qu'il y a eu Andy Warhol lui-meme en guest star en 1985, tout gauche et raide, il tourne le dos a la camera en permanence, c'est culte !

Anywhere But Know Where




Une lumiere de 15h du matin, un petit dejeuner avec 3 pancakes et un verre de coke noye de glacons, l'Aistream qui ronronne pret a demarrer pour le desert Californien.
Putain, c'est ca les vacances.......vivement le mois d'aout



LOL




Pic: Vogue UK May 08

lundi 21 avril 2008

Daft Punk's Heresia



Hello,

Just found the website of the Frankfurt-born, L.A-based photographer Beatrice Neumann.

The kind of really gifted tattooed sharp-sighted girl who will add some alien substances to the mix when apocalypse arrives.

Here is a masterpiece about my dear fellows the Daft Punk : she added some blind platinum mini Barbie dolls to the heavy Slimane-designed leather jackets and giant helmets, along with some ridiculously cool inflatable electric guitars.
The screaming silence stays still in her dead pictures, reminds me somewhere of the Ellen Von Unwerth's aesthetic in a more plastic frozen sexiness.







Click to enlarge

Souvenirs from the clear crisp air of Electroma and the slowing movement of earth in Bercy (2007) and at the Eurockennes (2006), as if the air had thickened.

I had forgotten about this, the narcotic of the crowd. This is why you come to hear music. To stop being yourself, to let that thing that you supposedly were go, and just be part of a mob, synchronized by the heavy beat.

pics: Beatrice Neumann

mercredi 16 avril 2008

Nicolas, watch your back !

Si vous aimez Balenciaga, et surtout Nicolas Ghesquiere, vous vous souvenez surement de sa collection F/W 07. Un festival de references subtilement melees, dans une frenesie creatrice tres maitrisee, de l'ethnique en passant par le style college anglais, faite de details intriques et d'associations detonantes (slim a bandes jogging+veste en tweed a la Chanel ?!....) qui avaient fait du show l'un des plus novateurs de la saison.



Mais c'est le detail final des chaussures futuristes qui avait acheve de me couper le souffle : des talons compliques, construits comme des vaisseaux spatiaux en Lego, avec vis, pieces en plastique aux couleurs primaires et filet nylon rigide.
Un delire futuro -regressif dont seul Ghesquiere est capable.


Il y avait aussi ces etranges bottes a plateforme , un assemblage complexe entre la chaussure technique de montagne, le stiletto italien et la botte haut lacee d'inspiration victorienne. Ouvertes devant (peep toe) mais aussi derriere (?) on se perd entre les rivets, les fixations par boucles et la semelle en crepe crantee. Du lourd quand meme.




C'est le genre de chaussure qui ne va avec rien. Donc avec tout ? le genre en tout cas a rebuter pas mal de filles pour des raisons evidentes de prix et de non-praticite dans la vie de tous les jours.

Quelle ne fut pas ma surprise de decouvrir que Steve Madden, le Andre americain (avec Nine West) venait de sortir ....DES COPIES CONFORMES de ces chaussures plutot conceptuelles, pour une fraction du prix des originales ( plutot du style a lorgner vers les milliers d'euros)

Jugez plutot:





Je ne sais pas pour qui se prend Steve, mais il s'est meme permis de mixer les deux modeles precedent dans un modele COMPLETEMENT CRAZY, mais tout a fait dans l'esprit !

C'est du mass market ca ? je suis a la fois completement epoustouflee par la qualite de la copie (je sens que les deux premieres paires seront miennes dans un futur proche), et en meme temps tuee par le sans-gene de cette marque qui recupere la certains des designs actuels les plus novateurs, alors qu'elle nous avait habituee a des talons certes sympas, mais plutot basiques.

C'est comme qui dirait donner de la confiture aux cochons.

Mais je vois mal l'Americaine Steve Madden, qui achete des sacs a gros logos et qui persiste a se faire son putain de brushing puritainement lisse tous les matins, a mettre ses joggings roses Juicy Couture avec des tongs, et le soir d'horribles robes ultra courtes en satin violet se mettre brutalement a acheter un truc aussi destabilisant esthetiquement parlant, elle qui ne craint rien de plus que "l'extravagance".

Mais si Cosmopolitan en parle (=ca marche), alors Steve Madden va reussir a faire plus de chiffre sur ces chaussures que sur n'importe lesquelles de ses best sellers, c'est certain. Ca serait quand meme un comble de voir apparaitre des listes d'attente pour des chaussures fabriquees par palettes entieres, a $100 la paire !

Mais serieusement, la clientele de Steve Madden est-elle prete pour ce genre de concept-shoes?

Et il y a surtout plus grave : comment peut-on recuperer ainsi des designs, quels qu'ils soient, aussi impunement?

photos: style.com stevemadden.com

lundi 14 avril 2008

A Plat Ventre Pour Une Paire De Pompes




Il semblerait que certains humains care more about their getup than other.

I usually spend a ridiculous amount of time dreaming and sketching outfits in my head

  • Je suis du style a penser moi aussi que dans la vie, avant tout, il vaut mieux choisir de l'extra-cheap ou du super-cher. C'est le milieu qui est le fashion nowhere, dixit le catogan aux 250 paires de mitaines en cuir noir.
  • Bizarrement, comme le disait si bien Catherine Heigl, cette philosophe a la puissante poitrine capacite d'autoanalyse, " j'ai un avis sur presque tout ", mais plus particulierement sur le retour des epaulettes chez Margiela cette saison.
  • J'ai une sensation etrange d'etre portee par une presence surnaturelle en enfilant une veste Saint Laurent ou en touchant du pied le cuir d'une bottine Marc Jacobs . Serais-je erotomane, fetichiste? peut-etre. A mon avis c'est juste LA COUPE, l'ALLURE inherente a ce genre d'oeuvre d'art.
  • Parfois on me regarde dans la rue avec un air d'inquietude, c'est carnaval aujourd'hui?Et non je ne vis pas a Rio de Janeiro. Et je suis stupidement contente de moi quand j'arrive a identifier les marques et les saisons des vetements de certaines personnes dans le metro. Et les gens me regardent fixement car je souris toute seule avec mon casque et un air niais sur la tete comme toutes les greluches en 2008.
  • J'aime reconnaitre les silhouettes de pret-a-porter de luxe qui ont inspire les frusques chez le suedois et l'espagnol (qui me permettent d'assouvir mon agressivite a prix raisonnables). La vraie came de la F.V c'est ca : l'acces trop facile au cheap, la sensation d'y participer par procuration. Participer a quoi ? A "y " on vous dit.
  • J'achete des milliards de magazines que je decoupe soigneusement, les cheveux dans les yeux, en chaussettes et acroupie par terre comme une gamine de maternelle. J'ai meme des feutres et des crayons de couleurs. Ca va par contre je dessine pas sur les murs chez moi. Enfin pas encore. J'arrange des silhouettes faites de toutes ces images, dans des "lookbooks" par saison, par envie, par moments. Des heures apres il y des filaments tres fins de papier qui trainent partout sur la moquette. Je suis un animal.
  • J'ai le click droit facile : une silhouette me plait instantanement, ou pas, c'est pour toujours. Elles atterrissent par centaines dans des dossiers "inspiration" sur tous les ordinateurs qui me passent entre les mains. Et je me les fais defiler febrilement, un souvenir en entrainant un autre.
  • Je ne reponds pas quand on me parle si par hasard on ose interrompre mon "web fashion fix" quotidien de blogs et sites divers.
  • J'adore fouiller pendant des heures les bacs et rayons des magasins de fripes, le coeur battant quand je trouve une piece unique a la coupe interessante. J'imagine les retouches potentielles si il faut, des associations aussi. L'Armee du Salut, Emmaus et Goodwill recelent des tresors de ce style completement negliges. MAIS QUI COMMENCENT A ETRE CONNUS. Malheureusement. Parce que oui, y'en a marre de la massification du vintage. Comment ca je me prends pour qui? :-)
  • 2 fois par ans je scrute les defiles avec attention, en cherchant les influences de machin sur truc d'une decade a l'autre.
  • je peste contre certaines boutiques de vintage sur ebay qui ont vu leur prix augmenter avec la popularite des dudits sites.
  • Je suis polytheiste : Nicolas G, Alber E, Karl L et Jerome D sont mes icones. A chaque saison, je ne m'en remets pas.
On appelle ca comment? de la GRELUCHERIE TOXIFERE. Oui je suis une sale GRELUCHE petee aux imprimes, une boulimique de l'image, une imbibee de l'accessoire, une taree du talon, une addict a la fripe, une tox irrecuperable de la fringue.

Parait que c'est a la mode, la rehab. Dites, il y a des fashion rehab?




pic: www.courtneychavanell.com La gravos que je suis peut meme vous dire que c'est la fille qui prend les photos pour la boutique ebay Mama Stone Vintage

jeudi 10 avril 2008

Disco Robot Time Travel






oui , bon quoi, c'est

A Flock of Seagulls - Space Age Love Song - Live, 1983


Oui, j'adore la cheapitude du clip, les coupes de cheveux, les lunettes mouche et les pantalons feu de plancher, pourquoi?

1983 ?

Ca pourrait etre tout a fait un truc de cette nouvelle vague de revival electro/disco/synthe de 2008, celle qui a vu Calvin Harris raccourcir ses costards blancs, sortir les paillettes tandis que Parallel, Crystal Castles et Lindstrom/Feedelity (avec un morceau comme ContFixDisco entre autres) et consoeurs nes sur le terreau de la disco 70's proliferent sur le net dans cette nouvelle frenesie .mp3 que l'on nomme la blog house ?

Et ce morceau, la, de 1975 2007 : Marsheaux : Dream Of Disco

-please soyez patient pour le chargement - pour ceux que ca interesse, j'ai achete le .mp4 (et oui, sur Itunes meme:-)) donc je peux vous l'envoyer , un petit mail et c'est gagne

Ca ne vous fait pas legerement penser au titre d'il y a 25 ans sus-cite ? :-)

Ca ne fait que commencer !

mardi 8 avril 2008

In Search of the One True Meaning of "Indie"


J'ai repense a Juno. Oui, encore !
Le fait que ce film soit considere comme "indie" ici aux US m'a fait me demander ce que "indie" peut finalement bien vouloir dire.

Parlons en donc encore, du cas Juno (bien utile ce film)

Deja, soyons clair, Juno n'est pas un film independant : il a ete produit par Fox Searchlight, une companie satellite du studio hollywoodien old-school Twenthieth Century Fox, lui meme une branche de News Corp., dont le PDG et fondateur n'est personne d'autre que Rupert Murdoch. Il y a mieux comme icone inde :-)

Bizarement, c'est comme si l'adjectif "inde" avait cesse de decrire les conditions de production d'un film (les vrais films indes restent ceux qui sont distribues par des boites de distribution/salle a manger/chambre qui bataillent severe pour gagner le gros lot, a savoir une semaine de droits de diffusion dans la demi-douzaine de salles ou il est encore possible de faire du profit avec des films sous-titres-je parle ici de l'Amerique et non de la France, encore moins de Paris), mais plutot une nouvelle esthetique , faite de subtilite affectee dans les decors la musique les fringues et les caracteres, assortie de dialogues non moins subtils. En musique c'est pareil.

Regardez la BO de JUNO : inde ou pas? Du groupe de derriere les fagots : Le Velvet, Sonic Youth, Belle and Sebastian. Un defi interessant, du nouveau ? Non. Rien que du previsiblement hype. C'est meme Ellen Page elle-meme qui a recommande les Moldy Peaches. Elle est hype cette gamine. L'esthetique "inde" est creee. Et elle fait mouche, je suis bien de mon epoque, j'ai adore ce film.

Prenez "The Darjeeling Limited" : Jamais Wes Anderson (un vrai realisateur inde pour le coup) n'aurait ete pris en flagrant delit de choix aussi evidents que le "all the young dudes" de Mott The Hopple dans Juno. Tout le monde connait ca ici aux US. Non, Anderson persiste et signe avec de l'obscur, de l'imprevisible : Peter Sarstedt et de la musique indienne. Bon, y a aussi les Stones, ok, mais pas une des plus connues :-)
Il a juste su creuser un peu plus loin.

Mais en meme temps, entre la "mainstreamisation" de l'inde et la popularite croissante de la culture nerd, il ne nous reste plus grand chose d'elitiste, a part le droit de se plaindre et surtout celui de critiquer. On se plaint qu'il y ait du Mott the Hopple dans Juno et en meme temps d'autres vont dire que les Moldy Peaches sont carrement ringards.

On se prend un peu trop le chou a ce qu'il semblerait, et d'un cote, cela pousse les nerds de ce monde a creuser toujours plus loin dans l'independant obscur et le "pour-inities", un peu comme Wes Anderson, pour pouvoir etre sur de garder une longueur d'avance sur la masse. Horrible, affreuse, proletaire, mais qui grimpe vite, la masse. La barre est de plus en plus haute.
De l'autre cote, refusant tant d'intellectualisation , ceux qui lachent l'affaire vont se mettre a decreter que la culture inde est un trucs barbant de geeks snobs et frustres, et vont eriger en principe roi le fait de demolir n'importe quelle production inde sans meme y jeter un coup d'oeil.


C'est ce phenomene qui fait rage en ce moment chez les critiques musicaux et de cinema, et qui a cree l'enorme buzzz autour de Juno aux US notamment.

Et le probleme, celui de la mainstreamisation de l'inde ou de l'indification du mainstream , comme on voudra, est bien tangible car il devient de plus en plus difficile de differencier ce qui est presente comme "inde" par les agences de marketing, de ce qui l'est rellement, independant.

Cela vient du fait que la culture est passee d'un truc relativement personnel, plutot difficile a acquerir, qui demandait des efforts et par la meme devenait quelque chose dont on pouvait etre fier, a un produit que l'on consomme facilement et indifferement quelle qu'en soit la source. Quelle que soit la qualite. On engloutit . Sans se poser de questions . Elle vient comme ca, sans tenants ni aboutissants, alors que nous sommes passivement vautres sur notre canape. On la transmet aussi vite avalee. Et ca le fait. Personne n'aime dire qu'il "etudie" un sujet serieusement, a part les etudiants en these. Et ceux-la representent, quoi, 0.02% de la population.

Rester a la pointe, posseder une vraie culture dans ce climat d'anti-intellectualisation forcene, c'est a mon avis se montrer plutot curieux que snob. Le mainstream, qui se cree en reaction une attitude et une contenance en faisant preuve d'un esprit de contrariete permanent et de critique automatique, cree seulement une illusion de distance, et celebre finalement la paresse et l'autosatisfaction.

Mais attention, je ne decris pas ici un monde manicheen, je ne dis pas que ce qui est inde est forcement de qualite et l'inverse non plus. Il existe de tres bons groupes signes sur des majors, comme de tres bons blockbusters. L'afflut de culture "facile" a aussi du bon.
Et Il y a aussi de tres mauvais groupes non signes sur des majors, comme des films a petit budget qui ne meritent pas votre attention.
La derive existe aussi concernant le deplacement des criteres selon lesquels une oeuvre independante merite ou pas une reelle attention intellectuelle.


Le principal reste de garder les pieds sur terre et les idees claires, de distinguer l'esthetique'inde" de la production inde, et meme de la niche marketing inde quel que soit le domaine concerne (oui oui, attention a la massification du style preppy geek et des lunettes a grosses montures inspires de Luella que H&M s'apprete a lancer dans tous les magasins du monde entier).

Et d'etre capable de prendre du recul sous l'assaut permanent d'information, histoire de se faire son avis a soi.

jeudi 3 avril 2008

Le grand pave dans la mare de Chloe Sevigny


Aujourd'hui je voulais presenter la collection de Chloe Sevigny , la fille aux yeux de Droopy et au nom si francais.
Elle l'a creee en collaboration avec le tres select Concept store Opening Ceremony (NYC et LA).

Comment, un enieme lancement de ligne par une actrice plus ou moins inspiree par des histoires de gros sous ?

Mais il s'agit ici de Chloe Sevigny, icone de style et indie queen aux US, et pas de J-Lo ou Gwen Stefani (meme si a part ca j'aime bien Gwen).

Deja, c'est la fille que j'aime bien car dans ses films, elle a souvent le role de la pauvre meuf qui n'a jamais de pot : dans Kids, de Larry Clark, elle joue une gamine de 16 ans qui choppe le virus du SIDA la PREMIERE fois qu'elle couche avec un mec, contrairement a sa copine qui a enchaine les rapports non proteges. Dans Big Love, la serie au nom debile sur le tres serieux sujet de la polygamie chez les Amish en 2007, elle est la 2eme femme, pile entre les 2 autres, et prend cher en permanence. Et puis elle est pas tres belle, en vrai, un peu palotte un peu frite un peu banale. Bref, sa vie c'est pas la fete.

Et pourtant, discretement mais surement, la blonde du Connecticut s'est forge une reputation dans la mode, due a son gout tres sur et au challenge permanent qu'elle provoque sur n'importe quel tapis rouge : pour les Americains c'est l'"Excentrique". Pour elle, l'excentricite, c'est Bjork. On est toujours l'excentrique de quelqu'un d'autre, et ca me fait plaisir de l'apprendre.

Avec son melange de provoc et de candeur, son enorme personnalite vestimentaire, elle assene naturellement des claques de style monstrueuses a toutes ces greluches habillees par leur personnal stylist.

Pour sa collection, d'inspiration tres 90 et vintage, la blonde affirme son gout pour les association heteroclites et le liberty pas nunuche.






J'aime ses tissus d'inspirations vintage (pied de poule, liberty), et surtout son attitude, qui consiste a ne pas forcement porter ce qui lui sied le plus (qui veut d'une robe en toile de sac a patate et d'un slim feu de plancher a CARREAUX, dur dur les carreaux), mais plutot a porter ce qui lui plait en l'assumant a mort.

Ses fringues ressemblent a celles que l'ont pouvait griffonner sur un coin de cahier en cours de math, c'est brouillon et en meme temps tres personnel. Et versatile aussi : la robe col claudine en liberty rose ferait des malheurs dans une ecole catholique, mais peut tres bien devenir sexy white-trash associee a des collants dechires et des boots de motard.

Ce cote frondeur ainsi que l'exclusivite de la distribution font que sa collection est loin de toucher un public mainstream, meme celui qui en aurait les moyens, comme le fait par exemple Twenty8Twelve, la ligne mignonne-mais-c'est-tout creee par Sienna Miller et sa soeur Savannah.

Il y a des pieces, chez Chloe, plutot severes, completement inaccessibles et meme reprehensibles (une petite combinaison a fleurs roses, anyone?), mais c'est ce qui la rend interessante : avec sa collection, CS s'est fait plaisir, elle demolit les conventions du bien-a-porter et ca se voit.

La collec dispo en .PDF est a telecharger ICI

Mais plutot que de baratiner sur l'Icone, laissons la s'exprimer :


mardi 1 avril 2008

Wassup Chuck?



Pour feter son 100eme anniversaire Converse lance la campagne "connectivity", qui met en scene des monstres sacres de la contre-culture, comme Sid Vicious, le gonzo Hunter S Thompson ou encore James Dean, "connecting" avec des icones plus modernes, et surtout vivantes, comme Joan Jett, M.I.A ou Karon O des Yeah Yeah Yeah's grace leurs Converse, qu'ils partagent dans une sorte de fresque de poupees en papier.

Rien d'extraordinaire jusque la pour cette marque de caoutchouc qui au depart produisait des pneux, des bottes de soldats pendant la seconde guerre mondiale et meme des ponchos pour fanfares avant de devenir la marque symbolique du cool que l'on connait. Et le cool a la mode grunge est une valeur sure, il ne cesse de revenir sporadiquement dans les defiles (Marc Jacobs F/W 06 et cette annee encore chez Isabel Marant ou Alexander Wang pour l'Automne-Hiver ) : le debraille, les couleurs feuilles mortes, le carreau et...la Converse. Meme Sofia Coppola a reussi a caser une paire de Chuck Taylor All Star violettes dans Marie-Antoinette. C'est dire si Converse, ca le fait.

Et comme le soulignait cet article sur Ladiesroom.fr, on les prefere sales, pourries, trouees , et on pousse meme le vice a les acheter parfois deja "usees". Pourquoi?
"Simplement parce que si vous les possedez depuis longtemps, vous avez juste merite ce supplement de cool. Et si vous venez de les acheter, vous avez juste l'air de les posseder depuis longtemps, ce qui revient au meme" affirme Scott Patt, le directeur creatif de la marque. Apparence et facteur cool, l'alchimie Converse, symbole intemporel americain s'il en est, est la.

Bien vu.

Il y a deja eu de nombreuses collaborations entre Converse et des chanteurs ou des groupes (je pense ici notamment au rappeur Mos Def qui avait sorti en 2006 une edition limitee, les Chuck Taylor All Star Mid Music, sur lesquelles on voyait des images du Brookyn Bridge et des gratte-ciels de Manhattan). Mais pour son anniversaire, la marque sort le grand jeu avec une edition limitee des Chuck a l'effigie de Kurt Cobain.






Et aux Etat-unis, le debat fait rage : l'icone supreme du grunge, connu pour ses chemises de bucheron et ses Converse, sur scene et dans la vie, heros de l'anti-capitalisme qui a fait une place a Seattle sur la carte du monde debout dans ses Converse, et qui s'est meme suicide ses Converse aux pieds, serait ainsi scandaleusement recupere par la marque.

Cependant, le design des chaussures, qui reprend des paroles de Come as You Are et des dessins qui avaient deja ete edites en 2002 dans le livre "Journals", a ete entierement vu et approuve par la veuve Courtney , qui , si elle est bien motivee, ou pas, nous en parlera peut etre sur son nouveau blog sur Tumblr ?

Les fans americains de Nirvana reprochent a la marque de livrer leur idole en pature a la plebe, qui risque naivement se servir du "facteur cool" de l'objet pour s'approprier l'attitude du maitre, sans en comprendre toute la portee ("philosophie" en langage de fan), ou PIRE, sans meme s'en rendre compte.



Et dans la plus grande parano, si typique de ce cote-ci de la grande mare aux canards, les americains estiment meme que cette chaussure particulierement lourde de sens pourrait inciter les adolescents a se suicider.

J'aime les frites surgelees donc je vais voter pour le senateur Mc Cain. Ouais les mecs, pareil.

Alors, plan marketing ou real tribute to Cobain?



pics: thedailyswarm.com