mercredi 28 mai 2008

Hilton Head, South Carolina




Dans la lignee des endroits a la con
plutot en dehors des routes habituelles du Francais en goguette aux US, je vous presente aujourd'hui Hilton Head, une ile en Caroline du Sud. Coince entre la Georgie redneck, le Tennessee rockeur et la Caroline du Nord, heu, je sais pas, ce petit etat nous accueille comme il faut par une jolie highway bordee de palmiers, de petites eglises en carton et de panneaux publicitaires pour des candidats republicains aux elections presidentielles plantes dans de l'herbe plutot fierement grasse. Hum, doute? Encore un etat au colon rectal un peu trop serre, qui a l'air de manquer de hippies on dirait.




Peut-etre, mais cet ile, a laquelle on accede par des ponts en beton tres arques par dessus des marais fangeux est un havre de paix, coquet , bourre de terrains de golfs, de Palm Trees Nurseries manicurees et de vieux desequilibres sur leur velos de location. Au bout de l'ile, au fond d'un parc "naturel" (la question se pose toujours aux US...), on tombe sur un petit phare qui semble etre fait de boites de fer blanc juxtaposees. Je ne sais pas si c'est le coucher de soleil, la fatigue de la route plutot hypnotique, l'air iode ou le sourire aimable des vieux qui admirent les quelques voiliers de la Marina et les croutes d'artistes locaux exposes sur le quai, mais enfin cet endroit est sympathique. Pas de luxe ostentatoire a la Miami South Beach, pas de surfeurs flambeurs comme a Venice, c'est le royaume des grosses tortues pataudes, des familles a morveux qui veulent manger des frites et des couples laid-back mais pas trop.


Par contre, et c'est la qu'on se marre, la plus jolie plage de Hilton Head est pendant la journee le terrain de jeu des College Kids de Savannah. Fin mai, et au son d'un boombox qui crache des ricaineries emo (My Chemical Romance, Angels & Airways,Jimmy Eat World and Box Car Racer) les filles arborent toutes un bronzage fignole aux UV, elles fument au hasard des cigarettes, se badigeonnent sensuellement d'huile pour bebe Johnson&Johnson (gare a la friture au petrolatum) apres s'etre casse un ongle au volley, et piaillent sans arret en secouant leurs crinieres lustrees. Il n'est pas vraiment question d'aller dans l'eau , ou alors seulement pour y balancer la Prom Queen, la plus jolie des filles de la promo qui a evidemment perdu sa virginite sur le terrain de football la semaine derniere lors de la Prom Night (la soiree annuelle de la high School Graduation) avec le capitaine des quaterbacks (Sofia Coppola je pense a toi...).

Mais entre les mecs qui n'ont pas oublie de soulever des halteres un seul jour depuis 6 mois, un intru pas vraiment en short de bain et a l'air carrement rebarbatif semble prendre son role tres au serieux.


N'oublions pas que nous sommes aux US, et qu'il est interdit de boire ...dans les lieux publics. Ce charmant flic qui sue sous sa chemise de toile erre de groupes en groupes.....

...et demande a GOUTER un par un les gallons d'eau distillee (*) qui contiennent bien sur...de l'eau, "vous me prenez pour un con, jeune homme? ....Oui Monsieur " avant d'exiger les cartes d'identite.

A 5 PM, les cops vont se mettre a l'ombre au bord d'une route, le soleil freine ses ardeurs et la plage completement bourree commence juste a s'agiter....

Le boombox n'a plus de piles, je m'endors.

(*)pas minerale, hein, on enleve tous les mineraux de l'eau ici, c'est bien connu que le magnesium et le calcium sont nocifs pour la sante, ndlr

jeudi 22 mai 2008

Seaside Rendez-Vous




I am heading to Savannah for Memorial Day. Windy lonely beaches, cigarettes and bonfires, see ya next week....

lundi 19 mai 2008

Le Quart d'Heure Icones : Marianne Faithfull



La semaine derniere, je suis allee voir Irina Palm. Oui oui je sais , ca fait bien un an qu'il est sorti en France si je me souviens bien. Mais il semblerait que les films europeens arrivent aux US par LA POSTE : ce n'est pas possible autrement, ils mettent 6 mois ou bien n'arrivent jamais.

Bref. Un petit film tout gris, dans la banlieue de Londres, coproduit par une boite belge, le decor est plante, on a vu plus riant. Et un gamin qui tombe malade, la famille n'a pas d'argent pour le soigner, un traitement existe, mais il faudrait l'envoyer en Australie. Evidemment. La grand-mere arrive a la rescousse, et au grand dam de ses amies rideauxmateuses qui vivent dans des maisons au papier peint un peu trop fleuri, se remet a travailler pour payer le voyage et les soins a son petit-fils . Attention, gros melo sociologique pour menagere qui aurait loupe Amour, Gloire Et Beaute a 13h apres un documentaire sur le rempaillage de chaises au Texas presente par Mike Sonders (= JP Pernaud version americaine)?

Mais ne fermez pas la fenetre toute de suite, la grand-mere, c'est Marianne Faithfull, et son nouveau job, "technicienne de Glory Hole" dans un sex shop londonien plutot decati. C'est la que tout fait volte face, avec un humour grincant (il faut la voir enfiler sa veste de femme de menage, suspendre un cadre kistch et arranger un petit bouquet de fleurs dans son trou a rat derriere le mur duquel des hommes font la queue, braguette baissee).
C'est Faithfull qui porte tout le film, gere parfaitement les emotions et en toutes situations fait preuve d'un sang-froid exceptionnel.
Et puis il y a l'aura. Alourdie par les ans, elle n'a pas perdu une once de sa classe naturelle ni son humour cinglant. C'etait elle Marie-Therese dans Marie-Antoinette de Coppola, une figure hieratique et un role qui lui allait comme un gant.

L'eternelle Venus in Furs possede la voix voilee de quand tous les bars sont fermes et que meme les putes sont rentrees chez elles, la classe des icones rock and roll et de la grande noblesse decadente (sa mere etait une baronne viennoise, descendante du celebre baron Von Sacher Masoch, auteur de l' inenarrable Venus in Furs, et son pere etait un espion anglais), qui lui permit par exemple se retrouver dans une voiture au milieu d'un raid des stups de l'epoque, la tete de Mick Jagger entre les jambes, mangeant tranquillement un Mars.



Sortir avec Jagger, puis Richards, puis Jagger, puis les deux lui a permis de rencontrer leur manager, l'homme qui avait decouvert Nico avec l'aide de Jimmy Page, et lui fera chanter quelque daubes car elle "ressemblait a une Mona-Lisa impassible", a l'epoque ou toutes les filles du Swinging London devenaient hysteriques dans la fosse, "un ange blond avec des gros seins". De maniere plutot amusante, comme elle le dit elle-meme, sa voix s'est bonifiee avec le temps, "comme un brie avec l'age ". Jusqu'au milieu des 60's elle continue a enregistrer des pop songs completement oubliables, et puis en 70, c'est elle qui trouve Jim Morrisson mort dans sa baignoire. Enfin, des gens disent que c'est Nico, du Velvet Underground qui l'aurait trouve. A l'epoque ils etaient tellement stones (sans mauvais jeu de mots, hein) de toute facon que meme maintenant, dans une interview recente de Fabrice Gaignaud (dans son excellent bouquin "Egeries Sixties"), elle affirme justement ne pouvoir garantir ce fait a 100%. On comprend pourquoi Richards est alle se faire remplacer le sang en Suisse.
Sur ces entrefaites, elle sort en 79 Broken English, un album unanimement approuve par les punks, alors que ce n'est pourtant pas un album punk. Bon sang mais il y du synthe la-dedans ! Des milliards de clopes lui on donne cette voix de husky, le contralto qui me fait fremir et que, comme des dizaines de filles a cretes, j'aurais aime avoir (c'est plutot bien parti ceci dit, regard au nombre de clopes, ndlr).



C'etait une rebelle non-rebelle, elle faisait partie de ces icones avec Anita Pallenberg, Nico ou Amanda Lear, des femmes-mecs au sens ou Morrissey decrit dans ses chansons les femmes au caractere trempe du nord de l'Angeleterre, ces especes d'amazones indestrutibles qui ont resiste a la drogue et ont faconne les 60's en ajoutant une touche de purete morale sur les barricades a Paris.
Elle a ete la premiere a porter du Mary Quant.
Elle possede la machine a ecrire de Burroughs et un exemplaire rare d'un recueil du poete beat Gregory Corso.
Il n'y a pas de fille comme ca en 2008.

pics: Rolling Stones Museum, alternatif-istanbul.net, mariannefaithfull.net

vendredi 16 mai 2008

mardi 13 mai 2008

Le look Fluokids, Intox ou Detox ?



Pendant un ete, celui de 2007, on a beaucoup parle d'un look, Le look Fluokids.

Vous savez, ces etres vingtenaires issus de l'internet, qui, a grand coups de croix fluos, de t-shirts customizes, de photos provocs de bombshells frangees en American Apparel ont cree une nouvelle esthetique sexy , pointue et branchee, forcement exclusive, a la fois completement wild et sensible. On dit que leur blog est devenu le symbole de toute une generation, desinhibee et consciente qu'il faudrait peut-etre penser a revoir le parallelisme d'un monde qui ne tient plus trop la route.

Ils ont ete les initiateurs d'une nouvelle recherche musicale et culturelle, poussant a la creativite individuelle, recherchant l'exclusivite de remix musicaux decapants et de visuels accrocheurs. Ils ont fonde la Blog House, cette communaute de consommateurs de musique insatiables, qui depuis fin 2005 relaient a coup de liens HTML les meilleurs remix des derniers morceaux pop, parcourant la planete de clicks en clicks, de Los Angeles a Sydney. Nes trop tards dans un siecle trop vieux, comme dirait l'autre, ces nu-romantiques deshinibes ont plante le decor et lance le son d'une generation plutot indecise sur ses gouts. Pop, disco, french-touch ,techno, funk et hip-hop , ils font revivre et triturent le siecle passe en creeant le buzz dans un milieu musical plutot formate par les majors. On les a critiques, forcement, et les Justice qui en profitent pour sortir une ligne de fringues (2 vestes en cuir et 2 paires de pantalons, ca ne vous rappelle pas le minimalisme vestimentaire des deux robots les plus connus de la planete?), ca nous sort par les yeux mais que voulez-vous, il y bien longtemps que le mot ART pour lui meme n'a plus aucun sens. Autant dire, gratuit. Ca voulait dire quoi, deja, gratuit ?

Au niveau style, le look Fluokids est plutot passe inapercu : a part quelques soirees parisiennes legerement colorees, un t-shirt H&M copie sur les creations de Henry Holland porte par la tres hype Agyness Deyn, et qui a la fin de l'ete etait toujours en toutes les tailles dans tous les magasins de France et de Navarre, circulez, y'a rien a voir.
Si le courant musical est ne en France avec des groupes comme Justice et le label Ed Bangers, la releve Nu-Rave (ou New-Rave) vient d'Angleterre, avec des jeunes createurs completement dejantes comme Carri Mundane (cf photo dessous) ou des groupes comme les Klaxons. D'un point de vue Francais on dira, comme d'habitude, que l'extravagance (plutot pejoratif en Francais) vient de l'autre cote de la Manche. On ne retient souvent de l'Angeleterre que ces filles pales , molles et court-vetues et avec un sens du vulgaire tres developpe. Mais n'oublions pas que l'Angleterre reste sans concession le foyer des tendances les plus creatives, je pense ici a la papesse du punk Vivienne Westwood, au pirate ethnique John Galliano mais aussi a la nouvelle genereation des Giles, Jeremy Scott et Gareth Pugh qui renouvellent sans cesse la notion du "portable", des proportions et du bon gout.

le look Fluokids lui s'inspire des annees 90, des raves ou la techno, l'obscurite et l'individualisme ont engendre sweats et pantalons confotables, boots montantes et coiffures industrielles.

Les 70's psychedeliques sont egalement amplement utilisees, et les Fluokids affichent des melanges plutot petard de neon-bright colors, qui melent l'ethnique au neoprene dans une frenesie qui brille sous la lumiere noire. Les graphiques simples, cubiques tres jeux-videos 8 bits ajoutent un cote ludique. L'influence hip-hop est egalement presente, avec les high-tops colorees en edition limitee, que meme des marques de luxe comme Pierre Hardy se mettent a sortir, ce qui d'ailleurs pose bien des problemes a toute la blogosphere modeuse: comment les porter, ces foutues baskets? car oui, ce sont bien des baskets, la hantise de toute fashion victim un tant soit peu raffinee.
Une marque anglaise peu connue en France me parait plutot representative de cet esprit et du look Fluokids : Cassette Playa. Leur site fait LITTERALEMENT mal aux yeux. Cela fait egalement penser aux looks Fruits des Japonais (encore des insulaires, a croire que ca leur taperait sur le systeme :-)).

Carri Mundane

Et aux Etats-Unis, des petites marques se sont emparees du style, de maniere plutot creative, comme cette fille de Kansas City avec sa marque Peggy Noland, qu'elle vend dans un magasin en forme de burger geant. Il y aussi des marques liees a ce style, avec un cote plutot dark et plein de reminisences New Wave comme Cosmic Wonder, C-Neeon, Obesity and Speed vendues exclusivement en concept stores a NYC et L.A..... En Argentine, Tomi and Cherry font un malheur avec leurs creations litteralement delirantes.


Alors, pourquoi en France personne n'a jamais ose, tout simplement ? On sait ce qu'est le chic a la Francaise, et la parisienne plus particulierement affectionne la palette neutre des couleurs sourdes : fumee, asphalte, carbone, coquille, poudre, rouille sont ses teintes de predilections, et Maje, Sandro et toutes les nouvelles marques issues du Sentier transforment discretement les rues de Paris en un paysage brumeux. Porter ne serait-ce que du De Castelbajac, finalement plutot Fluokid comme type -tres inspire par les couleurs primaires et les lignes droites de Mondrian- c'est etre "un(e) original", ou meme peut-etre "UN ARTISTE", qui sait ? le bon gout interdit les couleurs flash, reservees aux pompiers ou aux cantonniers de la DDE (ils portent depuis toujours le fluo, sous la forme d'une salopette orange), alors pas de ca chez nous.....

Le fluo a extremement mauvaise reputation : dans les annees 60 en Californie, il etait associe a Ken Kesey et a ses Merry Pranksters qui parcouraient les routes couverts de peintures mystiques a la Day-Glow. Le fluo, c'etait la drogue aussi, les acid-tests au LSD. Et dans les annees 90, le fluo c'etait les raves, la boue. Et la drogue, encore, l'ecstasy, le speed, et le special K.

Un point commun a l'emergence de ces deux styles, et peut-etre aussi aux Fluokids, c'est qu'ils correspondent a des periodes de trouble : les Merry Pranksters arborrent des rictus grimacants sous leur maquillage craquele , la revolution de 68 approche. Dans les annees 90, on echappe a la realite , on crie love, respect, et paix par le biais d'un beat grindcore forcene, de la drogue et des bracelets fluos qui brillent dans les clairieres a Grenoble ou ailleurs.
Les deux epoques ont voulu echapper a la realite, aux conflits, par la couleur, la musique et les experiences qui transcendent les limites de la perception ( de maniere plus ou moins reprehensibles il est vrai). Il est certain que le fluo ne va absolument a personne. Que le corps humain porte mal les imprimes demesures. Mais la n'est absolument la question.

A l'heure ou certains presidents se prennent pour des rock-stars,ou l'Amerique est en train de se sous-developper et ou David Lynch se lance dans la meditation transcendantale histoire de penser a autre chose, les Fluokids et leur look ne seraient-ils pas a nouveau les herauts d'une generation prete a un renouveau ? Ou peut-etre leur prete-je de trop grandes ambitions.......

pics : Cassette Playa, Tomi and Cherry , thelreport.net

mercredi 7 mai 2008

This one is on me

Trent Reznor a depasse les nouveaux modeles marketings plus ou moins audacieux recemment mis en place par quelques groupes mastodontes, tels Radiohead avec leur album "je-paye-ce-que-je-veux" .

Ici, NIN sort son dernier disque, The Slip, sur internet ....entierement gratuitement.

Comme ca. Sans rien attendre en retour. Self-control et tete haute, il sort avec discretion du system capitaliste des majors , s'en separe avec humilite d'un coup secs de lame tranchante , sur les bourdonnements satures tres creepy qui m'ont toujours tenue en haleine, les melodies distordues qui hurlent a la face du monde la gloire d'un optimisme dark et metallique.

Et non ce ne sont pas des bouts de chansons bricolees jetees en pature a des fans en manque.

Il s'agit d'un album complet, disponible en telechargement sur le site , dans une variete de formats et de qualites : MP3, FLAC (que je lis avec l'excellent lecteur open source Songbird) , ou M4A lossless qualite CD et meme 24/96 WAVE (qualite superieure au CD, Ok ca sert a rien si on n'a pas l'equipement audio de malade qui va bien , but still).
Avec chaque download, un PDF avec les artworks de l'album (des formes geometriques basiques semees de fils rouges, plutot obscures mais bon est-ce etonnant).



Apres le brouillard indistinct et decousu de Ghosts I-IV , on y retrouve le cote dark noisy si typique de l'homme, des ambiances industrielles ciseless, rugueuses et desesperees tres Downward Spiral, mais aussi du piano et des ambiance etherees en nappes electroniques plutot recentes.

Finalement rien de foncierement nouveau, mais du rassurant, un album cathartique a ecouter les yeux leves vers le ciel, les pieds bien ancres sur le beton.

NIN - Discipline
NIN - Echoplex
NIN - The Four Of Us Are Dying



lundi 5 mai 2008

Un Cafe aux USA


pic:pequenoscinerastas.com

La lecture de l'excellent magazine americain BITCH m'a donne envie de vous livrer ici un melange traduction/customization base sur le tres bon article de Helen Davies : " Brewed Awakening". Il s'agit donc pour une fois d'un texte en partie traduit, forcement de maniere tres partiale et subjective, auquel je me suis permise d'ajouter des references et autres digressions personnelles.

L'article tres feministe parlait du fait qu'aux Etats-Unis, le cafe a un GENRE, et que l'etude sociologique et culturelle de sa consommation permet d'en deduire enormement sur la societe americaine.J'etais tellement d'accord avec l'auteur que j'ai eu envie de vous expliquer pourquoi.

En voila ma version francisee/modifiee:

La caffeine est la substance addictive la plus courante. Qu'elle soit sous la forme d'une tasse d'Earl Gray dans la main tremblante d'une vieille anglaise a permanente rose, d'un gobelet en plastique de cafe corporate, d'une tasse d'expresso a gros rebord blanc appportee par un serveur gouailleur dans un cafe parisien, ou encore d'une grande cup en carton de cafe flotteux avec la rondelle ondulee autour pour ne pas se bruler que s'enfilent les americains dans leur voiture, la caffeine est la, a la fois familiere et toujours subversive.
A une epoque ou fumer devient un comportement hostile pour l'evironnement et la societe, et ou l'alcool a severement perdu de son faste (a cause de vous, Lindsay et Britney,entre autres?), la caffeine reste la drogue molle la plus socialement correcte.
Mais le cafe est bien plus qu'une drogue. Rien que la maniere dont on se procure son fix quotidien permet de conclure pas mal de choses sur la personnalite,ou du moins sur l'image qu'on veut consciemment donner de soi, et aussi sur ce que la culture populaire attend que de nous.
Chez les ados, boire du cafe, c'est avant tout super cool : ca signifie qu'on possede une vie, ca suppose que par exemple comme Ashley Olsen on se commande un Venti (ou 2) de cafe chez Starbucks en se cachant derriere des lunettes noires car comme elle on vient de passer une nuit debridee a faire la fete. Autant que l'alcool et la cigarette, le cafe devient un moyen de s'affirmer.


pic: glam.com

Chez les adultes, on associe la force et la virilite au cafe, et la douceur et la feminite au the : un homme qui boit une tasse de the au cinema est immanquablement soigne, gay, peut etre meme intellectuel, anglais , voire les 4 a la fois.
Boire du cafe en revanche, c'est une preuve de puissance, de serieux . C'est le cafe qui alimentait en energie les longues aventures nocturnes des Ken Kesey et autres Allen Ginsberg. Associe a la cigarette, c'est le breuvage des ecrivains, des poetes, mais aussi des truands, des mafieux. Des hommes puissants, influents.


pic: serialconsign.com

Le "damn fine coffee" de l'agent Cooper dans Twin Peaks par exemple signale que sous ses dehors raffines, l'agent Cooper n'est pas un mec a qui on peut raconter des salades, on n'est pas la pour rigoler non plus. James Bond, de meme, aime les grosses voitures, les costards imposants et meprise fondamentalement le the, tandis que la bande de Tony Soprano se sert tasse sur tasse d'expresso, racines italiennes obligent.


pic: blog.oregonlive.com

Au cinema, plus on boit de cafe, surtout du noir, brut , plus on est fort, plus on est maaaaale. Jim Jarmush en a fait un film , Coffee and Cigarettes, ou le cafe est roi, dans de nombreux roles, de l'excitant (Roberto Benigni boit du cafe avant de se coucher pour rever a 100 a l'heure) a la potion de puissance (Bill Murray boit directement au pichet de cafe pour se donner du poids, une presence face a GZA et RZA du Wu Tang Clan qui au contraire choissent des infusions de plantes, histoire d'etouffer leur masculinite et leur cote macho completement overwhelming).

Et plus qu'a la masculinite, le cafe est associe au sexe : on n'invite pas une relation potentielle a prendre un the, mais plutot a boire un cafe. Inutile de souligner que le choix de Georges Clooney pour representer le cafe Nespresso est entierement calcule pour fonctionner sur cette relation cafe/sexe : en tant qu'ideal feminin avere, on voit Clooney rentrer dans un bar, ignorer sensuellement deux femmes sublimes qui entrent en transe en voyant Georges commander une tasse de noir voluptueusement mousseux: un regard de braise servi avec un philtre d'amour, what else?


pic: swica.ca

Par effet de contraste, une femme qui boit un cafe noir SANS RIEN capte cette energie sulfureuse, une partie de ce pouvoir masculin : il m'est arrive de surprendre des regards mi etonnes/mi seduits, assortis d'un sourire imperceptible ici aux US quand je reponds fermement "black, nothing", quand on me demande si je souhaite lait, creme, sucre dans mon cafe.


C'est du au fait que de maniere encore une fois tres traditionnelle et puraitaine, la femme americaine est representee comme raffolant des sirops parfumes, de la creme chantilly, du chocolat et des eclats de noisette dans son cafe: dans ses ballerines et sa robe rose, elle commande des triple caramel machiattos et des lattes voluptueux, et delaisse l'expresso serre, tres peu courant de toute facon aux US.


pic: trustedplaces.com

C'est comme ca que de maniere tres interessante, les cafes Starbucks sont devenus l'image du cafe au feminin: les gros fauteuils, la deco cosy et les messages qui suivent le rythme des fetes traditionnelles comme Thanksgiving ou Noel, associe a la creme soyeuse, la musique douce et les patisseries sucrees ont contribue a la feminisation du fameux liquide macho. Des pourfendeurs de la multinationale, comme ceux qui postent sur le forum de www.ihatestarbucks.com , utilisent d'ailleurs l'argument de la feminite pour denigrer la marque, se plaignant de la "faiblesse" du cafe Starbucks, parlant de "girly drinks" et de trop longues lignes d'attentes, comme celles si typiques des toilettes feminines. Souvent, des pubs pour des cafes parfumes "vanille", "mocha", "caramel" sont diffusees pendant des series typiquement feminies comme "Gilmore Girls" ou "America's Next Top Model".
Comme si le cafe avait besoin d'etre adouci, transforme, pour plaire aux femmes.

Sur ce point, la vision americaine est tres differente de la vision europeenne. En Europe, le cafe est beaucoup moins associe au genre, au sexe. Il est tres courant d'inviter une copine a prendre un petit noir sans rien, sans que cela soit interprete immediatement comme une tentative un peu lourde de seduction lesbienne. Encore une fois, cette difference montre le conservatisme typiquement americain, et les attentes de leur societe sur la place de la femme, ses gouts et sa maniere de vivre.

dimanche 4 mai 2008

L'Heure est Grav(as)




Ceci est le nouveau clip de Justice "stress".

SERIEUX
Sans blague
Vrai de vrai

par Gravas, de Kourtrajme

GRAVOS, ouais. Y a un truc a comprendre? Je suis perdue,la.

NON mais c'est quoi ce PUTAIN DE DELIRE?????????????????