lundi 6 avril 2009
Boston
Quand je vais quelque part, j ai pour principe de ne m'attendre a rien. Histoire de faire mon Candide (sans la poudre dans les cheveux, cependant) et de me prendre la nouveaute en pleine face. Mais la, quand l'avion s'est pose a Boston, je ne pensais pas atterrir a Londres.
Un petit Londres, certes, mais tout aussi humide, sinueux, en briques et plein de buveurs de the. Rien que de voir des batisses construites avant 1945, c'etait depaysant, venant d'Atlanta.Des pubs a boiseries patinees, partout, avec les memes tetes de jeunes premiers de la classe en cravate rose pale qu'on voit dans les Pret-A-Manger de la City, et pour appuyer l'image,apres 22h, des types rouquins, en train de chanter les Beatles dans un bar a bieres, pinte a la main.
Par contre, la ville ne sent pas la rebellion. Autant a SF on sent toujours dans l air un peu d'encens, un truc boheme plus ou moins authentique, on voit meme quelques types un peu decales ou des vieilles hippies imiter Janis Joplin a l'intersection entre Haight et Ashbury , autant ici tout le monde est bien sage et couche a minuit le samedi soir.
Les bars ferment en effet sans prevenir, a l'heure ou a Paris on commence seulement a emettre l'idee de decoller son cul du canape. Les gens vivents l'apres-midi, a l'image de ces octogenaires enchassees dans leur tailleur Chanel, completement figees comme des Hippocampes tout raides dans un bloc de resine, crochetant leur doigts noueux autour de tasses de the en porcelaine fine, que j'ai apercues par une fenetre du Four Seasons qui donnait sur la rue.
Samedi, il faisait beau, mais avec une sensation de sursis: a droite ou a gauche, il y avait toujours un coin de ciel completement gris et bouche pour rappeler que fallait quand meme pas trop rever et se preparer plutot a boire une Samuel Adams avant que des hectolitres ne s'abattent rageusement sur la ville. Une bonne raison d'aller se percher sur un des tabourets des bars a huitres du Faneuil Hall, des halles a l'ancienne pleines de stands de fruits de mer, ou on peut manger de la clam chowder dans des bols creuses dans des miches de pain, des sandwiches a la langouste (a droite), ou des grosses crevettes vapeur a la biere (a gauche)
Sur le port un peu plus loin, on peut prendre un ferry pour aller de l'aute cote de l'anse, ce qui avec le vent a decorner les boeufs qu'il y avait, m'a paru moins allechant qu'un tour dans Beacon Hill, le quartien rupin/historique de la ville. Rupin, mais legerement decati, pas comme a Greenwich Village ou sur les collines de SF, ou on sent que les 20 m2 font bien leur $5000. Ici c'est juste vieux, tranquille, et raffine comme un napperon brode main un peu tache par l'age.
En redescendant sur le grand parc central apres la statue du General Hooker (I did not make that up, il y a meme un panneau pour visiter plus pres qui dit "Hooker Entrance") on tombe sur les Duck boats, ces especes d'engins hazardeux amphibies mi-camion barde de bouees de sauvetage, mi-chalutier equipe de pneus .Il faut un permis special pour conduire ces trucs. En revanche, le permis d'avoir l'air con juche la-dessus est aux alentours de $30.
Et la, BAM, la brume tombe comme un couvercle. Temperature drops. Direction Newbury street, the shopping street ou plus on monte dans les numeros, moins les magasins sont chics (la rue commence par Chanel et se termine par Forever 21 pour situer). Heureusement, il y a cette chaine de boutiques de the pour se rechauffer la tete avec d'excellents the indiens ultra epices et des trucs un peu farfelus histoire d'epater le chaland.
Il est bientot l'heure de decoller en metro (poinconne ta Charlie Card et en avant les 2 wagons qui grincent !!) pour North End, le quartier italien ou j'ai pu manger des spagettis carbonara dignes de ce nom. Bien que ce detail soit absolument sans interet, je tiens a signaler qu'il y avait des vrais LARDONS la-dedans, pas du bacon a la con et que autrement dit, it made my day.
Mais j'avais oublie la Bootie !!! La Bootie Boston se tient comme ses parentes le vendredi soir, dans un bar avec la petite cave dessous, NYC style. En revanche, le DJ avait l air d etre la un peu par hasard, plus pour mettre une ambiance que pour lancer une vraie soiree. Difficile en effet de faire danser des gens sur de la musique a 24dB. Le cote positif de la chose est que je n'ai pas eu besoin d'elever la voix pour parler a un mec, ecrivain de son etat, qui a essaye a tout prix de me faire tomber dans un piege a grognasses qui semblait rode au poil et suivait le processus que voici :
- m'embrouiller des trucs romantiques en claquant habilement quelques phrases de The Postal Service
- me bourrer la gueule en me payant des shots de Soco Lime.
Ce malheureux individu ne savait pas que si j'aime bien les ecrivains qui me citent du the Postal Service a tout va, je n'etais pas venue a Boston pour y boire du Soco Lime - sachant que le Soco c'est un peu le Ricard du Sud ou j'habite. Par ailleurs, il etait loin de soupconner ma resistance a l'alcool, fignolee pendant ces (trop) longues annees d'ecole d'ingenieur. Mais rien de plus marrant que de le voir naviguer en eaux troubles.
Lorsque le premier sujet de conversation fut epuise et que l'absence de beat moteur m'a laisse entrevoir que ce mec avait autant de conversation que ces anemones tubulaires qui vivent dans le noir a 20 km sous la surface des oceans, j'ai decide de lever l'ancre, le trainant malgre moi derriere moi grace a ce fabuleux instrument, dont, en ces temps de repression intense des libertes personnelles, on ne saurait pour autant minimiser l'impact social : la clope. De toute facon, a part quelques ecrans plats sur lesquels on pouvait lire "Bootie", ni les gens (plutot des protopouffes en talons aiguilles et petit sac Guess, emballees dans des carres Hermes - qui a decide un jour qu'un foulard pouvait faire un haut decent? - que des hipsters en Urban Outfitters) ni la musique (pas vraiment de remix nouveaux) ne laissaient supposer que c'etait bien une Bootie. Faut avouer aussi que ce n'etait pas le DJ habituel ce soir-la, celui -ci assurant une soiree a NYC pendant que les residents de la Bootie NYC etaient en tournee en Autralie. Les chaises musicales le truc.
Samedi soir une connaissance a fait que j'ai atterri a Brookline (et oui, avec le "i"), bastion juif s il en est (= a 23 h un samedi soir impossible de trouver une seule goutte d'alcool ou meme un bar a moins de 10 miles a la ronde, bien joue les gars !)
Dimanche, le jour a completement oublie de se lever (cf la vue, la meme qu'en haut...). Ca c'est jamais leve en fait, on en a profite pour aller trainer dans une librarie pretentieuse a Harvard . Dans le coin, toutes les filles avaient l'accoutrement WASP etudiante classique, a savoir veste en polaire The North Face + New Balance + sac Pliage de Longchamp (va savoir?). A l'heure qu'il est, ces choix sartoriaux restent un mystere insoluble.
Plus bas sur la ligne, un truc de fripes au kilo a Cambridge,The Garment District, coince entre le M.I.T et des bureaux de Microsoft (miam).
La bas, des gens en bas de chausses pateaugeaient dans une mer de fringues. De derriere un rideau, une benne deversait des metres cubes de fripes, et chacun y allait methodiquement de ses decouvertes a $0.90 la pound, peche-aux-moules style, ou l'art de reperer un tresor en le tirant tres fort par la manche. Une photo s'imposait:
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4 commentaires:
Excellent le Hooker Entrance!!!! T'aurais dû me ramener le panneau que je le foute à l'entrée du Sephora Rivoli!!!
Lol enorme le seph Rivoli :-) j te reconnais bien la mon Peter :-)
Salut JelizaRose. Merci pour ton post sur Boston. C'est la seule ville US, avec NY, qui attire vraiment mon attention en dehors de SF. La dernière fois tu m'avais demandé si j'avais un blog. Rien d'aussi mature que le tien, mais allez, je partage. Après tout c'est un peu bête d'avoir un blog si on est trop pudique pour le publier.
Bonne continuation et à bientôt!
Lux
roo rien d'aussi mature , tu rigoles j'espere :-)
oui si tu as un blog, il faut le publier, meme si au fond tout ca c est que pour toi, fais toi plaisir :-)
sinon je pense qu il faut qu'on arrete les fixations sur NYC et SF. J'ai visite pas mal d'etats, et franchement, NYC et SF sont des villes "confortables" au sens ou finalement on n est pas surpris la-bas, venant de France. Je trouve plus interessant d aller trainer ailleurs, de se faire destabiliser par le vide ou nimporte quoi d'autre.Je vais essayer de donner un apercu de l'autre amerique, celle qui est prolo et qui a peur de NYC.
A venir cet ete,Las Vegas (NV), Hawaii, Tahiti, Sandpoint (Idaho), Seattle (WA), Nahville (TN) et Portland (OR).
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