La premier fois que je suis tombee sur ce clip, c’etait sur un blog de modasse plutot trash et furieusement a la mode, coince entre une customization de body en dentelle dans un esprit Like a Virgin, et une photo d’une fille moulee dans le dernier jean RVCAx Erin Wasson, sur lequel on peut lire “legalize” en travers de la raie. De la came de dimanche soir un peu ombrageux, quoi.
A cet endroit-la rien ne laissait presumer que ce clip de Fever Ray, serait un joyau brut a la fois visuel et musical, envoutant comme un mantra indien, sans les relents d’altermondialisme a la Urban Outfitters et de folklore fluo qui predominent dans la scene electro-rock actuelle.
J ai clique un peu mollement sur la premiere image…et ai brutalement ete happee par la singularite de Karin Elisabeth Dreijer Andersson (moitié du groupe The Knife), qui distille ses harmonies noires au dessus d’une piscine laissee a l’abandon, couverte de peintures sales et vetue de lambeaux pastels, etrange Dancer in the Dark en Converse eteintes parmi les feuilles mortes d’un apres-midi bleu marine.
Tandis que les synthes dark wave deroulent leurs nappes sourdes, j’ai vu defiler des images de Ciao Manhattan , celles du campement d’ Edie Segwdwick lors de sa descente dans les affres de la drogue, cette piscine vide couleur polaroid d’une demeure californienne au luxe decati qui lui sert de refuge; j ai revu aussi ces photos de Kep, cette station balneaire en vogue dans les annees 60 au Cambodge, ravagee par les Khmers rouges, avec ses piscines en marbre vides, ces alcoves luxueusement lugubres devorees par le salpetre et les mauvaises herbes, qui flottent aujourd hui dans le brouillard fantomatique d’un age d’or decime.
Une villa oubliee a Kep
Une piscine vide et des ornements rouilles, l’allegorie du monde en 2009 ?
Mon cerveau a aussi fait affluer des images de clips de Chris Cunningham, (All is full of Love de Bjork, mais aussi le Frozen de Madonna et Come to Daddy d’Aphex Twin), noyees dans leur effrayant univers millimetre, a la fois desabuse, visionnaire et fondamentalement rationnel.
Madonna - Frozen
Aphex Twin - Come To Daddy
J’ai ecoute les sons metalliques - empiles comme les constructions de Gareth Pugh sur les runways parisiens-, traverse sur un tapis de plumes decolorees le desert gris poudre d’un nouveau psychedelisme dematerialise, amer et denude.
Dans la musique de Fever Ray, j’ai revu les collections de Rick Owens, les grandes peaux coupees au laser, l’esthetique violente et raffinee de son barbare des temps modernes, sorte de Mad Max esoterique capable de raser la planete en un geste de la main, comme d’effleurer la corde sensible d’un trip hop glacial a la trajectoire intersiderale, a des milliers de km au dessus du nid des coucous hispters.
Karin Elisabeth Andersson est tout ca a la fois, la caveman gothique de Rick Owens, la lumiere noire bleue de Cunningham, le pied de nez d’une Bjork habillee en cygne et couverte de peintures mysterieuses, assise sur une branche calcinee par un soleil nocturne, la silhouette decharnee d’un monde desole profondement ancre dans la poussiere, mais les yeux rives vers le ciel.
pics:shanghaiist.com,via Flickr,livejournal.com,thatvideogameblog.com, r-g-m.net, dhub.org, artnet.com, tinypic.com
2 commentaires:
TROP TROP excellent!!!!!!!!!!!!!!!!!! J'adore ce post, de la video décalée à Rick Owens en passant par Chris Cunningham.......... TOUT Y EST pour que je me dise, "Vraiment, elle a tout compris!" Merci pour ça!
Hey Peter, ce qu je vois surtout c est qu'on a les memes cordes sensibles hehe :-)
Enregistrer un commentaire