lundi 19 janvier 2009

Is this the City of Angels or what ?


"It's a lovely summer's day
I can almost see a skyline through a thickening shroud of egos.
Is this the city of angels or demons?"


C est ce que se demandent les Death Cab for Cutie dans "Why you'd want to live here ?" . Los Angeles c est un peu la grande question sans reponse, la ville "I have no clue", un gros truc en beton encapsule par une epaisse couverture orange de pollution, traverse par de non moins enormes veines de beton, qui charrient a toute heure du jour et de la nuit des millions de vies grises de poussiere.

Un echangeur modeste, derriere lequel peinent a poindre les tours de Downtown LA

En dehors de ces autoroutes, l'enorme "concrete octopus", la pieuvre de beton etale sur une centaine de km, entre la flotte et le desert du Nevada, ses quartiers, ses milliers de maisons, indifferement bidonvilles ou villas a plusieurs dizaines de millions de dollars, a Orange County ou dans les fieres et arides collines d'Hollywood. Il n'y a aucune coherence. Comme l'estomac d'une ville obese qui aurait avale sans discernement trop de monde en meme temps, la ville pompe lentement un flot continu de dechets qui ne semble finalement venir de nulle part, et recrache son trop plein de gens et de poubelles sur les autoroutes defoncees.

"The vessel keeps pumping us through this entropic place
in the belly of the beast that is Californ-i-a"

et on en oublierait presque que le Pacifique est la, les plages, Venice et Santa Monica.

A la nuit tombee, ces cabines de maitres nageurs voient Hasselhoff sortir la Bud et commencer a enlever le foutu maillot de bain rouge d'une des playmates de Baywatch...

Something's going wrong with the sun the sky the earth or all together...

The sun drowning in the sea must create a huge volume of ionic romantic particles cause I'm thinking about you..


Plus sombre que l'Atlantique, meme en plein soleil, l'ocean n'a jamais bien l'air commode. Tous les soirs il prend feu sans prevenir, et l'intensite des couleurs est telle qu'on se demande toujours un peu inquiet si c'est encore cette histoire de Lune alignee avec la Terre et le Soleil qui donne cette lumiere-la, ou bien si c'est la pollution, les lunettes de soleil et l'abus de Martini chelou hier soir qui tape encore dans les tempes, ou bien si c'est la grande faille qui se reveille (un jour, LA sera detruite par un enorme tremblement de terre, tout le monde le sait et ca doit etre une des explications au fait qu'ici, tout le monde y va un peu trop fort, que ce soit dans la baise, la dope, l'alcool ou le pognon).

Meme si il a toujours l'air d'etre aspire par le ciel et de manquer vous exploser au visage, paradoxalement l'ocean se fait tout petit, conscient qu'un mot de trop et on ira le reprimer, l'enclaver entre des murs de beton ou en faire encore une nouvelle attraction gigantesque et gerbante, comme une nouvelle boursouflure clinquante de l'ego demesure d'un promoteur bouffi, bronze et fignole au scalpel, qui cache la misere de sa vie interieure en deambulant comme un automate sur Rodeo Drive, sourire au levres et gun categorie 3 dans la boite a gants.

Et pourtant , Los Angeles, c'est un mystere a elle toute seule : comme les petits skateurs de Wassup Rockers, de Beverly Hills et son gazon manicure a Downtown LA le royaume de la dope, je ne rencontre personne sous ce soleil ecrasant. Jamais. C'etait deja comme ca l'autre fois.....West Hollywood, la fac, Le Chateau Marmont. Deserts.

Le Chateau Marmont - Tout s'y passe et pourtant pas un poil n'en depasse .....

Rien que de passer ici j'ai l'air louche : encore 30 secondes garee comme ca devant le panneau, et c'est l'interpellation garantie

Les allees de Bevery Hills sont bien evidemment desertes elles aussi, et les demeures soigneusement tapies derriere de hauts murs blancs comme autant de chambre anechoiques qui abritent les pires deviances, les debauches les plus insensees, ou tout simplement les vies les plus normales. Dans tous les cas, soyez sur que l'on n'en saura jamais rien. Car rien ne filtre jamais de Beverly Hills.....le vrai luxe c'est le silence, l'espace, et la privaute, ne l'oublions pas.

qui est le Mad Man tres chic qui se cache derriere ce portail ?

Les patrouilles de flics, ecroulees dans leur caisses qui ronronnent sous les arbres, clim a fond, secouent mollement les derniers glacons au fond de leur litron de soda de fast food. On est le 30 novembre et Rodeo Drive croupit de chaleur, comme d'habitude, dans son decor de stuc tellement blanc qu'il fait mal au yeux, rutilant sans vergogne de vitrines ultra-luxe. Seules quelques Maserati paresseuses glissent sans bruit, implacables vaisseaux noirs aux vitres teintees d'une richesse insolente.

"Demande a la poussiere", propose John Fante dans son bouquin sur sa propre solitude a Los Angeles, dans les annees 50. Tant que t'y es, demande a Bukowski, qui trainait sa machine a ecrire graisseuse dans le coin, son gros bide et sa tete de poivrot de bordels en bordels, de motels miteux en bureaux de journaux indes bancals et ronges par les delits d'interet. Meme les palmiers aux troncs noircis, les palmes abasourdies de poussiere, penchent la tete d'un air pensif, le long des avenues desertes, mais rien ni personne ne donnent de solution.


Au loin, le bon vieux signe veille sur le grand rien

Alors ca peut mener a des hallucinations, des accidents comme celui qui ouvre le Mulholland Drive de Lynch, entre les cactus desseches et les lumieres du vice silencieux et de la beaute artificielle, juste en dessous dans la vallee.

Au final, quand on arrive a LAX, on s'attend a voir Paris et Nicole en train d'engueuler leurs bodyguard, Kiki Dunst trainer sa chemise a carreaux et son sac Chanel d'un air nonchalant devant chez Fred Segal, on s'attend a voir Spielberg mal rase en train de commander un burger ou une fille sur Sunset Bvd, a l'heure ou sortent les connards defonces et meutriers qui hantent les bouquins de Bret Easton Ellis. Il nous faut de l'action, du LAPD qui fonce en braillant sur Hollywood Bvd, evitant les putes et les vieilles trannies decrepies qui attendent leur heure sur les etoiles roses de stars souvent inconnues gravees dans le sol, leur faux cheveux sales souleves par une brise trop chaude qui fait voleter des emballages de fast food.

Que dalle. Oui y a des putes et des trannies et des fast foods. Mais c'est tout.

Comment ca c est tout ? Peut etre etes-vous en train de ricaner, j'ai pas du voir les bons endroits, bien sur que c est comme on le dit, LA, elles sont bien quelque part ces stars et leurs deviances, vous l'avez vu de vos yeux vu dans les films deja depuis L.A Confidential avec cette brute epaisse de Russel Crowe et cette bombe de Kim Basinger et dans les livres et meme a la tele dans 90210 et The L Word et tout et tout.

Donc il vous faut du lourd en arrivant la bas, et en cinemascope, encore. C est votre probleme.

Los Angeles, le truc c'est qu'on croit avoir affaire a une croute superficielle sous laquelle il y aura forcement quelque chose de "vrai". On cherche les filles "normales", pas celle qui destabilisent tellement elles ont 70 mais l'air d'en avoir 22. Pour l'instant j'ai vu 24 Jessica Simpson et environ 17 Rihanna. Des filles comme toi ou moi, ben non. Les rues "normales", avec de la vie, un cafe, meme un Starbucks on serait content, tiens. Ben non plus.
Alors on gratte un peu, c'est pas possible ! on tourne a droite, a gauche, on balance le Routard qui de toute facon fait 12 pages dans la premiere poubelle venue et sans descendre de la caisse, on prend la ville a bras le corps, bordel, doit y avoir une explication, un sens a ces rues perpendiculaires tellement parfaites mais tellement denuees de tout.

Mais LA ne se livre pas comme ca. Silencieusement, vous en prenez plein la tronche mais ne savez toujours pas ou vous aller atterrir. Et surtout si vous allez atterrir.

a 2 pas d'un echangeur de fou,un coin de Chinatown sorti de nulle part

En vrai la redescente est rude, comme un mauvais trip mal controle dans une chambre qui n'est pas la notre. Il faut accepter de realiser que l'on fantasme a tort sur un endroit, LA, une industrie, le cinema qui n'est finalement bandante qu'a l'ecran.
Alors LA on en a marre, et ca devient rapidement la ville declaree morte et ininteressante, decevante et sale par des gens qui n'y connaissent rien (moi, entre autres).

Et pourtant si demain on me file un billet pour y aller encore, j'y vais sans reflechir. Parce que cette ville donne carte blanche a toutes les experimentations et a l'echelle de Richter complete de toutes les emotions. Elle donne envie de tout lacher, de se laisser aller, d'aller se faire engoutir par elle. C'en est presque charnel. A l'inverse de Paris qui force au controle permanent, au lachage a tout instant maitrise sous le regard facilement non compatissant de nos compatriotes assermentes maitres es hype by eux-memes.

Cette ville, on peut facilement en faire ce qu'on en veut, y faire ce qu'on veut. C est un tableau vide, neutre, ni accueillant ni repoussant, qu'il ne tient qu'a nous de modeler. Du coup, on se reveille un peu plus tard avec cette irrepressible envie de pousser plus loin, de decouvrir qu' a ce croisement de rue qui etait "hors carte" dans ce Lonely Planet decidement vraiment merdique, il y a a ce resto/brunch super sympa, ce cine annees 50 qui s'anime a partir de 20h, ces types en cuir et chaines qui vont au local coffee shop regarder les dernieres annonces de boulot alimentaire et discuter de groupes non signes.
Pousser meme jusqu'a la limite sud et tomber sur cette sorte de PMU bien tacky qui fait des soirees New/Dark Wave tous les samedis, pour une clientele de mexicains en veste en cuir sans manches avec rien dessous, les cheveux gomines a la maniere de Dave Gahan. L'occase improbable de decouvrir qu'il y a eu une vraie scene New Wave en Amerique du Sud, avec des groupes super inspires de Depeche Mode, Morrissey, Bauhaus & co . Et qu'elle vit a L.A, isolee de tout mais avec pas moins de ferocite.



un cine reste dans les 50's, a Loz Feliz

Le brunch en question, toujours a Los Feliz

5 commentaires:

-f a dit…

Hey, je reconnais bien l'espèce de dépit mêlé d'une soif de comprendre que suscite svt L.A. Personnellement, il m'a fallu 2 visites pour apprendre à juste prendre la ville telle qu'elle était (bouillonnante et déserte, éclectique, folle, et pleine d'embouteillage) et à la troisième visite, c'est bon, j'étais au delà de l'amour. On perd globalement trop de tps sur Hollywood blvd et autres serious tackyness spéciale L.A. qui en dégoutent (à juste titre) plus d'un, je sais pas, tu y es peut-être allée, mais si jamais ce n'est pas le cas, à ta prochaine visite, je te conseille vraiment le quartier de Silverlake/Echo Park, les quartiers bien hip et cool en matière de musique. Si je kiffe autant L.A. c'est, tu l'as très bien dit, parce que tout y est possible, spécialement en matière de musique : il y a des scènes de tout, et tout se mélange, et c'est un tel putain de bordel diabolique que tu te laisses juste avoir par l'énergie propre de la ville et pas par une architecture jolie et cohérente.

En tout cas, merci pour les ptites références, j'y retourne cet été !

PS : c'est toujours la même stalker qui t'avait demandé des adresses à L.A / SF / Portland l'année dernière presque à la même période, je t'oublie pas pour Portland, si jamais tu veux y aller prochainement shoot ! (j'écris théoriquement avec mon pseudo, ce qui me rend joignable)

Anonyme a dit…

J'adore et c'est typiquement LA ca.

JelizaRose a dit…

@ Flo : salut Flo, oui je me souviens ! merci de passer dans le coin ! J'ai decouvert Silverlake (j avais atterri au Spaceland la premiere fois, bonne surprise !!), Echo Park et aussi Loz Feliz, bien ignores de tous les guides alors tu tombes pas dessus de suite....

pfff j ai toujours pas eu le temps d'aller a Portland (c est quand meme vachement loin d'Atlanta),mais mon reve c est meme d'aller a Portland(s) (Maine et Oregon) !
T 'as vu ca ? : http://www.budgettravel.com/bt-dyn/content/article/2005/06/10/AR2005061001402_2.html

t en penses quoi ?


@ Aurelie : merci ! Contente de voir que ca resonne chez vous :-)

Anonyme a dit…

aucun rapport mais c'est une question d'importance et je dois dire que je manque de référent(e)s en la matière: disons que, heu, une marque de boissons pétillantes mais attention zéro calories et le même goût dans ton Jack, bref si ces gens me disaient "ouais viens sautiller dans un cubi à Atlanta", j'irais ou pas? genre sur l'échelle du Bien, c'est bien comment là-bas? non mais parce que je l'ai déjà fait le coup du 'je vise Londres et j'atteris dans le Kent' donc je voudrais voir à pas me méprendre cette fois-ci...voilà voilà.
au demeurant, all the best

JelizaRose a dit…

Howdy stranger !!

bon alors smilelikeme effectivement aucun rapport si ce n est que ca appelle chez moi le besoin de peut-etre faire ENFIN un post sur cette cite si reculee qu est Atlanta. Si on te propose un truc du genre "viens donc tater du cube a Atlanta", moi je dis MEFIANCE. Faut d'abord que tu repondes a ces questions assez cruciales : quelle est le style de ta boite(cool,pas cool= moyenne d age elevee ou pas ?), es tu prete a acheter une voiture direct ou pas? (si non, ton esperance de survie a ATL est de 30 min), pognon ou pas (determine un peu beaucoup ton quartier d'habitation), connaissances la bas ou pas ? (comme partout, mais determine ici plus vite si tu vas avoir envie de te casser vite fait ou pas), fan de hip hop (si oui, t as qu a tendre le bras, si plutot rock/tech comme je le suppute, dans ce cas il faudra se creuser le melon pour trouver des endroits decents...et faire de la bagnole a chaque fois pour aller ou que ce soit...mais dans ca cas j ai un topo ready sur les trous a rats sympas), combien de temps aussi tu te vois faire ca?

Tu peux repondre a ces questions a JelizaRoseforInfiniteJest@gmail.com, i ll be happy to share more details