mardi 17 février 2009
Revolutionary Road
Au coeur des annees 60, Frank (leonardo Di Caprio) et April (Kate Winslet) Wheeler forment un couple de jeunes gens beaux, intelligents, sis confortablement dans une banlieue tranquille de la classe bourgeoise superieure, mais le tableau n'est pas bien riant : s'installer dans une coquette maison sur Revolutionary Road ne semble qu'exacerber leur sentiment d'etouffement et de lassitude : les Wheeler se sentent enclaves dans la banalite de leur vie, qui est loin de ressembler a ce dont ils avaient reve pour eux-memes, une existence boheme et precieuse de personnages qu'ils croient hors du commun.
Adapte d'une nouvelle de Yates, et realise de maniere anti-romantique neuneu par Sam Mendes (American Beauty), ce film cisele au rasoir est le cri silencieux d'une lame rouillee dans le rembourrage d'un fauteuil de style, la derniere volute de fumee d'un megot froid fige entre des doigts impassibles gantes de blanc, un bleme apres-midi de printemps; un cauchemar moelleux qui se devide lentement et avec precision dans le decor parfait des banlieues americaines de la Cote Est, sur la pelouse de devant taillee au ciseaux a ongles, dans les verres en crystal qu'on vide trop vite, entre le morne trajet du matin pour aller au bureau et le las trajet du retour, incroyablement morne parmi les sosies en costume 3 pieces et attache-case qui descendent lourdement les escaliers de la gare.
Sam Mendes est un orfevre du detail : des meubles de bon gout style mid-century danois, aux tenues de kate Winslet pales et minutieusement coupees, a la bande-son epaisse comme une chappe de beton, tout est peut etre trop parfait, trop insistant. Ca pourrait etre pris, presente partout - comme evidemment ici aux US ca l'a ete - comme encore un autre film sur la deliquescence d'un mariage trop parfait, l'autopsie d'un American Dream ranci, lance a fond sur la highway des convenances, sans jamais d'exit possible. L'histoire tellement actuelle du Mariage a l'Americaine, toujours grandiose et precoce, mais qui refuse de se voir mourir quand il le faut, asphyxie par le silence et la petitesse d'esprit.
C'est bon les gars, on vous a grille a vue, dans l'affiche officielle vous avez voulu recuperer le sentimentalisme a la con de Titanic. En version pastel cette fois. Ca va faire vendre, surement, mais vous etes a cote de la plaque, et les menageres dont les permanentes sont bien plus en forme que moi sont bien choquees des les premieres images du film.
Car ce film est tout sauf un fim sentimental, et bien plus qu'un film sur le Mariage. Certes, il peut etre regarde du point de vue feminin du couple, du cote de Winslet qui sait nuancer chacune des puissantes facettes de son personnage : l'intelligence pragmatique, la ferveur en ses reves, son emancipation, sa facon d'assumer son corps et ce qu'elle est avec une volonte de fer qui denote, a une epoque ou la femme n'est qu'une poupee de cire qu'on installe chaque jour devant la fenetre qui donne sur le jardin. Il peut aussi etre vu du point de vue du mari, Di Caprio, qui se retrouve confronte a l hypocrisie de son milieu professionnel, ses pulsions personnelles, l'arrivisme et le regard reprobateur de son voisin rideaumateur.
Ce film est temoignage glacial sur l 'hypocrisie de la societe de la fin des annees 50, l'etau de la conformite, la frustration et le decalage entre la machine implacable des morales de fer et les desirs personnels. C'est aussi un film sur une periode impertinente, de contraste, celle de l'Amerique flamboyante qui fume et boit les pieds sur le bureau, baise et vient changer de chemise au bureau, sous le nez des operatrices du standard telephonique et des secretaires tremblantes parquees dans leurs open-space, qui s'echangent en pouffant nouvelles a l'eau de rose et potins croustillants. L'epoque ou mettre des mains aux fesses n'est pas encore considere comme du sexual harassment, et ou la silhouette de fortunes sans precedent grandit sans cesse dans les chromes rutilants du Chrysler building . En cela, le film est tres proche de Mad Men.
On y retrouve le meme personnage gomine, clope au bec, seducteur arriviste sangle dans ses bretelles qui refuse toute forme d'implication en tout genre, tiraille entre ses brillantes maitresses des lofts de la City, le miroir des empires possibles a batir, et sa blonde femme de banlieue qu'il vient retrouver dans l'ambiance plombee des gouters d'anniversaire, avec les voisins inquisiteurs et suspicieux, car il s'est encore trompe dans la couleur du glacage du gateau.
C est aussi un des films les plus feministes de l'annee: comme dans Mad Men, une femme aussi a l'aise dans son epoque qu'un serpent d'eau au milieu du desert de Gobi, en avance sur son temps, frondeuse et entiere, essaie de sortir du chemin trace, et tente de s'engager sur Revolutionary Road. A ses risques et perils puisque le titre est d'une effroyable ironie grincante (* Spoiler Alert*). Ce film, inerte dans le scenario et l'action, est l'un des films les plus intenses et violents que j aie vus cet annee (avec Le Liseur, toujours avec Winslet).
Un film un peu trop "americain"cependant, donc tire a 4 epingles, un peu trop "joli", qui meriterait un bon coup de pied dans la fourmilliere, et qui n'a pas la virtuosite sautillante de Mad Men sur le sujet traite. Un film qu on a l impression de regarder de loin, comme a travers de lourdes lunettes en corne. Mais un des grands films americains de cette annee tout de meme.
pics: blog.nj.com, blogs.glam.com, via Blogspot
lundi 9 février 2009
La tete en skai et les cheveux qui poussent a l'interieur
Aucun rapport mais http://menwholooklikeoldlesbians.blogspot.com/
non, voila, c est tout, j'suis sous mon bureau, ecroulee :-).
On another side note, les ricains en chemise a carreaux de Pitchfourchette ont foutu 6.4 a la derniere galette de Telefon Tel Aviv "Immolate Yourself" (BPitch Control, Janvier 2009), qui est juste une sorte de tissu tres doux et tres moelleux, avec des recoins tout chauds ou dorment des etoiles et des divagations extatiques, glaciales et brulantes (un peu comme ma couette un dimanche a 15 h du matin, quoi).
Blaireaux
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