lundi 17 novembre 2008

Where the hell does Disco Grunge come from?


Une brume que n'auraient pas dedaignee les producteurs du dernier Batman pese come un couvercle sur les 14 voies desertees de la I85 South .
Une Ford "Police Interceptor" clignote sur le bas-cote comme un sapin de Noel poussiereux dans la vitrine d'un sex-shop en faillite. Je lache la pedale sur Martin Luther King Jr Bvd, ecrase lentement ma clope dans le cendrier qui deborde sur les derniers accords d'un Weezer de fond de tiroir, et ralentis entre les entrepots sur Decatur St.
Les feux pendent bas, a la maniere qu'avait Cliff Burton de tenir sa basse avant 86.

Ce soir au Lenny's bar , on retourne dans les 5 ans plus tard, vers 91, pour Local H . En premiere partie, un homme-orchestre gras, lubrique et harnache de scotch joue de la gratte en tapant sur une charley grace a un ingenieux systeme qui me fatigue d'avance. Le gars, bien qu'originaire de Athens, GA, est loin d'avoir la classe tranquille de Mickael Stipe mais enfin il arriverait a faire palir les Ramones au niveau du barouf et de la complexite melodique (comme quoi, les Ramones, j'en suis bien revenue).
La direction du Lenny's avait reserve pour le debut de la nuit (=fin de soiree ici, a ATL - je ne me ferais jamais a leurs horaires de poules), Electric Six, les dingos gueulards disco punk de Detroit.

Le Lenny's, c est le prefabrique sale et bas de plafond qui accueille le "festival Corndogorama", et un tas de concerts de tous bords sur une scene grande comme rien.
Le genre de trou a rat ou le barman a ecarteurs de 12 te propose toujours de te casser la gueule avant d'aligner calmement les pintes de Busch sous les lampes Budweiser.

Un bar ou on peut fumer, de nos jours ca veut tout dire.

En tout cas, c etait pas vraiment le genre de concerts remplis de gens venus uniquement pour etre la , et pour etre vus par d'autres personnes venus exactement pour la meme raison (aficionados du Paris Paris, suivez mon regard).
Meme si je ne sais plus quel magazine parisiano-parisien recommande de ne surtout pas porter le t-shirt du groupe au concert du groupe en question, sous peine de je ne sais trop quelle ringardise foudroyante a degeneresence type X, ici le 20 something vient au concert de Local H avec un t-shirt Local H , sans aucun etat d'ame superflu, et avec la simple envie de revivre les emotions de son adolescence.

Non que les Citoyens 2.0 n'aient le droit de rentrer chez eux, de s'ouvrir une biere en ecoutant de la merde et de philosopher dans le vide, mais bordel, qu'ils arretent de le faire avec ostentation.


Dans la salle au sol de beton nu, une majorite de types en jean troue, Docs Martens eclatees ou Converse sans age, chemise de bucheron qui ne vient pas vraiment de chez Urban Outfitters sous hoodie sous perfecto rape n'en a strictement rien a foutre de "Joustice" et encore moins des shutter shades de l'ami Kanye. Sous le spectre de Kurt C qui flotte au dessus de la pool table a la moquette tache de biere, des jeunes perdus cheveux gras tentent de refaire de monde autour d'une pinte a 2 dollars.
Tete baissee et guitare rageuse sans etre trop Nirvana-litterale, Scott Lucas crache son degout des relations amoureuses, et raconte les "12 angry months" ou il s'est arrache le coeur a oublier que " You're just a groupie...to think I used to fuck you". Il y a quelque chose de puissamment impressionnant a voir le grunge rugir comme ca, nu et glacial comme le vent qui frise la surface des lacs de l'etat de Washington. Chanter le desenchantement, la solitude et le mal-etre sonne toujours curieusement actuel, meme si on est en plein dans un revival disco dansant, que le lame et les paillettes reviennent en force jusque dans les campagnes et que Obama en fait des caisses etiquettees "espoir" avec la promesse rouge et noire d'un monde meilleur.

Un des Electric tares

Il est minuit et Electric Six s'installe style de rien sur scene, l'oeil moqueur. La foule se densifie, et prend en plein face la patate surf/punk/disco/metal des gars de Detroit.
On est chez Family Guy, les blagues de pet fusent, et tout le monde se marre car 80% des paroles n'ont aucun sens, en se mettant a danser car on n'a pas le choix, et c'est trop bien.

Quelques gothiques qui rodent le long des murs se melent meme a la foule, et on ne voit qu'eux, sur leur 2m 20 de platform shoes en neoprene. Les Electric Six sont charges comme des fous, Jimmy Carter, and shit, et les "63 days left of the Bush's presidency, and shit" en prennent plein la tronche. C est le cirque du soleil, un saloon en feu , une disco heavy metal odyssee in rural North Dakota comme dirait Klosterman. Il celebrent le pays des Taco Bell et des Best Buys, l'alcool et les filles pas trop regardantes sur une quelconque ethique personnelle, and shit.
Tout le monde en prend pour son grade, comme si les Berus rencontraient Jamie Lidell sur L'eclume des jours de Bulldozer:

Lundi, j’me soûle la gueule à la bière
En regardant passer les caisses sur l’autoroute
Mardi, j’vais sur un banc au cimetière
Pour lire le catalogue de la Redoute
....
Samedi, j’vais voir ma môme à Créteil
J’l’emmène à la décharge municipale


Electric Six - Danger ! High Voltage

4 commentaires:

Anonyme a dit…

je ne fais que passer pour dire que tes playlists ont sauvé mon aprèm, j'ai été obligée de descendre fumer pour pouvoir sautiller tranquille dans la rue sur le remix de Revolte-Ironical Sexism, une tuerie!

JelizaRose a dit…

Happy you like 'em :-)

Anonyme a dit…

Mais comme ils sont mimis ces deux là!!! J'aimerais bien avoir des clients comme ça à Neuilly! Héhé!

JelizaRose a dit…

A Neuilly :-) pauvre Peter :-)